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    Lettre ouverte au Premier ministre : quid du bilan de la fermeture du ministère de l’Habitat en 2011 ?

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    Dans une tribune publiée sur son compte Facebook, Étienne Francky Meba Ondo, vice-président du parti Réappropriation du Gabon, de son Indépendance, pour sa Reconstruction (RÉAGIR), a adressé une lettre ouverte au Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda. Une lettre qui intervient à la suite de la dissolution surprenante du ministère des Travaux publics et l’annonce du concours de l’arrondissement le plus propre. Nous publions in extenso ladite lettre.

    « Nous avons suivi votre déclaration de ce 12 septembre 2022, qui portait sur deux décisions essentiellement :

    – La lutte contre l’insalubrité par l’organisation d’un concours visant à primer l’arrondissement le plus propre (500 millions de FCFA) et l’octroi d’une enveloppe de 2 milliards de FCFA à chaque gouvernorat de province ;

    – La dissolution du ministère des Travaux publics et le rattachement de ses compétences et personnels à un simple département de la Primature. 

    Si nous avions l’esprit axé vers le complot, nous dirions que votre sortie n’avait que l’intention d’occuper les médias pour éclipser la sortie de prison, ce 13 septembre 2022, de Bertrand Zibi Abeghe.

    Mais, nous choisirons de démontrer tout de même que votre déclaration d’hier ne répond qu’à une logique de pré-campagne électorale reprenant des décisions qui ont lamentablement échoué par le passé sous la gouvernance de monsieur Ali Bongo Ondimba.

    Commençons par la deuxième décision.

    Pour rappel, en 2011, monsieur Ali Bongo Ondimba décidait avec toute la brutalité managériale qu’on lui reconnaît de fermer le ministère de l’Habitat, et de reverser son personnel au ministère de la Fonction publique.

    Parce que, constatait-il au terme d’un Conseil des ministres délocalisé à Koulamoutou, l’engagement pris pour la construction de 5000 logements par an ne connaissait aucun début d’application sur le terrain. Soit.

    Nous sommes alors en droit de vous demander, Madame le Premier Ministre Rose Christiane Ossouka Raponda :

    – Les 5000 logements par an ont-ils été construits à la suite de cette précédente fermeture ? Est-ce parce que monsieur Ali Bongo Ondimba avait cassé le thermomètre de l’Habitat que la température liée au déficit de logements a aujourd’hui baissé ?

    Évidemment que non ! 

    Mais, c’est certainement en faisant la même chose au Parti Démocratique Gabonais (PDG) qu’on obtient des résultats différents. Vu qu’il a décidé d’appliquer la même décision approximative au ministère des Travaux publics. 

    On vous rappelle cependant que cette décision de 2011 avait plongé 200 agents du ministère de l’Habitat dans une confusion juridico-administrative totale. Car, aucun texte de loi ne les rattachait fonctionnellement au ministère de la Fonction publique. Veuillez donc consulter vos archives pour éviter ces mêmes tracas à nos compatriotes, agents du ministère des Travaux publics.

    Au passage, l’opinion publique nationale est toujours en attente de l’audit et du bilan relatifs à la suppression de toutes les agences créées dès 2009, notamment l’Agence nationale des grands travaux d’infrastructures (ANGTI), qui a englouti des milliers de milliards de FCFA, avant de transformer le ministère des Travaux publics en bidule inutile.

    Concernant la première décision sur l’insalubrité : rien de nouveau sous le soleil, Madame le Premier ministre.

    En avril 2018, monsieur Ali Bongo Ondimba lançait officiellement le Fonds d’initiative départementale (FID). Au-delà de lutter contre l’insalubrité, il avait la prétention de réduire la « fracture territoriale » et de renforcer les capacités financières des départements auxquels aurait dû être affectée une enveloppe d’un milliard de FCFA par an.

    Quel bilan faites-vous de cette mesure ? 

    Ce Fonds, comme la mesure rafistolée annoncée ce 12 septembre 2022, était lui aussi confié aux gouverneurs de province.

    À l’époque, nous dénonçions déjà la tentative du pouvoir Exécutif de procéder à un « coup d’Etat » sur les pouvoirs locaux qui sont pourtant dirigés par des élus.

    En plaçant ces élus sous la tutelle d’un gouverneur nommé par le Président de la République, on crée un mélange des genres malsain. Parce que ces élus ne devraient rendre des comptes qu’aux populations desquelles ils tiennent leurs mandats électifs. 

    Pourtant, il suffit de promulguer dans son entièreté la loi sur la décentralisation ou d’accepter d’ouvrir un débat national sur la refonte du fonctionnement de l’Etat. D’autant que certains acteurs politiques et publics font la promotion de systèmes de gouvernance alternatifs. Lesquels verraient un renforcement des budgets dédiés aux Conseils municipaux et départementaux simplement en manque de moyens.

    Enfin, ce n’est pas en organisant des concours qu’on résoud des problèmes sérieux d’un pays.

    Cette appétence qu’a monsieur Ali Bongo Ondimba pour les jeux et la distraction est en effet la caractéristique de ceux qui étaient moyens (médiocres ?) à l’Ecole (aveu de monsieur Ali Bongo dans un documentaire de France 2), lorsqu’ils ne préféraient pas l’ambiance des cours de récréation au sérieux des salles de cours. 

    Madame le Premier ministre, nous n’attendons pas de vous (PDG, Président de la République, Gouvernement…) de nouvelles fausses promesses de campagne (pré)électorale.

    Nous vous attendons plutôt sur le bilan de votre gestion du pays au bout de 14 ans.

    Est-ce vraiment si difficile à comprendre ou vous voulez un dessin pour 2023 ? 

    Cordialement. »

    Étienne Francky Meba Ondo

    Vice-président de RÉAGIR

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