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    Matha et la fin des mariages « anti-républicains » : ça ne passe pas

    le coup de coeur

    Finis les mariages anti-républicains, ou du bonheur, c’est selon. La décision du ministre de l’Intérieur de remettre de l’ordre dans la célébration des mariages au Gabon a été l’actualité la plus commentée de ces derniers jours. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la décision est fortement incomprise par les populations.

    Lambert-Noël Matha serait-il contre la gaieté durant les cérémonies de mariage? C’est la question que beaucoup se posent depuis que le ministre de l’Intérieur a décidé, le 14 février dernier, d’interdire tout folklore dans le cérémonial des maires lors de ces célébrations. 

    « Actuellement, la célébration des mariages est loin des canaux, des standards juridiques. Il y a trop de spectacles, il y a trop de théâtre (…) Toutes ces scènes qui consistent à plein de folklore ne rentrent pas dans le rituel républicain (…) Ça commence à faire tâche. Il n’est plus question qu’on assiste à des célébrations qui sont aux antipodes du rituel consacré », s’était notamment plaint le membre du gouvernement. 

    Il n’en fallait pas plus pour que de nombreux observateurs y voient une attaque contre ces mairies qui glanent plus de mariages que les autres, parce que célébrés avec enthousiasme. Le cas de « la mairie du bonheur », au 4ème arrondissement de Libreville, qui affiche le chiffre impressionnant de 1600 mariages célébrés en 2 ans !  Matha voudrait-il que cette dernière ne vole plus autant la vedette aux autres,  dont à la mairie d’Akanda où sa femme y est maire adjoint ? Certains s’amusent à le croire. 

    Pour d’autres, plus amers, c’est une attaque contre leur bonheur que le gouvernement est en train de mener, au travers cette décision de M.Matha. Tant, disent-ils, ces maires ne font que détendre l’assistance avec leurs mises en scènes, tout en accompagnant les mariés, à leur manière, pour cet événement heureux. Mais alors, que dit la loi  à propos de la célébration du mariage ?

    A première vue, ni le Code civil du Gabon, ni la Loi organique, et encore moins l’ordonnance  n°39/PR/78 du 15 avril 1978 portant organisation de la municipalité de Libreville (pour le cas spécifique de cette commune), n’évoquent une attitude précise ou un formalisme particulier à adopter pour officier un mariage. Ces lois détaillent plutôt  les étapes et le déroulé chronologique de la célébration. L’article 232 du Code civil gabonais évoque par exemple ce qui suit:

     « Après s’être assuré de la présence des deux témoins, l’Officier de l’état civil donne lecture aux futurs époux, des articles 177, paragraphes 5 et suivants, 252, 253 et 259, alinéas 1, 2 et 3 du présent code.

    L’Officier de l’état civil interroge ensuite successivement chacun des futurs époux sur son option polygamique ou monogamique du mariage.

    Dans le cas où les futurs époux confirment leur option pour l’engagement monogamique, l’Officier de l’état civil leur demande alors de préciser également le régime matrimonial qu’ils ont choisi, ou s’ils ont établi un contrat de mariage conformément à l’article 306 du présent code.

    En cas d’omission de l’Officier de l’état civil, les époux sont présumés, sauf preuve contraire, s’être mariés sous la forme polygamique et soumis au régime légal de la séparation des biens.

    L’Officier de l’état civil demande enfin aux futurs époux s’ils veulent s’unir par le lien du mariage. Après leur réponse affirmative, il les déclare légalement unis par le lien du mariage, en vertu de leur consentement mutuel.

    Il dresse immédiatement l’acte de mariage dont il donne lecture et délivre copies sur-le-champ aux époux, ainsi qu’un certificat de mariage et le livret de famille. Le mariage religieux ne peut avoir lieu que sur présentation du certificat de mariage ».

    L’article 233 spécifie quant à lui les peines disciplinaires encourues par un Officier d’état civil qui ne procéderait pas comme détaillé plus haut. Dès lors, l’attitude « républicaine » requise par le ministre de l’Intérieur, et le formalisme souhaité dans les célébrations de mariage, revêtent une notion indéfinie. Sinon à spécifier. 

    Qu’à cela ne tienne, l’on peut supposer qu’à l’inverse d’une célébration civile où les participants jouissent d’une  grande liberté d’actions, celle républicaine se veut avec le moins d’écarts et de mondanités possibles. Entendez, sans toutes ces mises en scène développées par certains édiles. C’est visiblement à cette sobriété que le ministre de l’Intérieur invite nos maires. Même si le résultat d’une mairie du bonheur sera plus difficile à atteindre par là.

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