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    Sécurité Alimentaire : 3ème consommateur africain de produits surgelés, le Gabon peine pourtant à en assurer un contrôle fiable

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    Malgré les 450 milliards de fcfa dépensés chaque année en produits alimentaires, dont 65 milliards de fcfa pour les volailles et sous produits de volailles, le Gabon peine à fournir à sa population l’assurance d’un contrôle à la fois efficace et efficient. En dépit d’une législation (Arrêté n°00025/MEFBP/DGCC du 23 janvier 2007) axée sur ses aspects de contrôle et notamment l’innocuité des produits d’importation proposés au consommateur sur le marché national, conférant à la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (Dgccrf), une autonomie et une indépendance d’actions, les autorités semblent à la traîne comme en témoigne les révélations du Réseau Action Climat, Oxfam France et Greenpeace France, trois ONG françaises. 

    Principal fournisseur du Gabon, notamment en matière de produits alimentaires surgelés, la France a été épinglée par trois de ses organisations non gouvernementales (Réseau Action Climat, Oxfam France et Greenpeace France) sur la qualité «  très bas de gamme » de certains des produits qu’elle y exporte notamment la viande de porc et celle de volaille, dans un rapport publié en octobre  2022 intitulé “Les coulisses de l’exportation de l’élevage bas gamme français”. Une qualité bien loin de « garantir d’une part, la loyauté et/ou l’innocuité des produits d’importation proposés au consommateur sur le marché national et d’autre part, la conformité aux normes internationales en vigueur », comme exigé par la réglementation en vigueur.

    En effet, mettant en danger potentiel le consommateur gabonais qui reste à l’heure actuelle le 3ème consommateur africain de produits surgelés derrière le Bénin (28%), le Congo (13%) et devant la République démocratique du Congo (10 %) et la Guinée (6 %), ces produits «  très bas de gamme » qui sont « essentiellement des découpes congelées notamment de dinde française, et qui ont été multipliées par trois en dix ans) », mettent également à mal le dispositif national en la matière. Un dispositif représenté par la Dgccrf, qui peine à assumer son rôle de contrôleur, malgré un renforcement de pouvoirs. 

    Incapable de « promouvoir l’assurance qualité par la prévention des risques d’importation des articles et produits proposés sur le marché », comme évoqué dans l’article 5 de son arrêté de création, mais également d’assurer le contrôle, la traçabilité ou encore le respect de la chaîne de froid alimentaire dont la rupture est de plus en plus fréquente par des opérateurs de plus en plus véreux, la Dgccrf semble plus que jamais mettre en danger la santé des populations. Alors même qu’elle pourrait orienter les opérateurs locaux vers des pays, qui effectuent une véritable surveillance et un véritable contrôle de la chaîne de production avicole à l’image des Etats-Unis. 

    Volaille exportée vers l’Afrique par la France

    De plus, ces produits, qui devraient pourtant faire l’objet d’un contrôle minutieux aussi bien de la part des services de Douanes que ceux de la Direction générale de la concurrence et de la consommation (Dgccrf) qui dispose pourtant d’un cadre juridique et réglementaire traitant aussi bien des questions d’hygiène, de transport, d’entreposage et de conservation, sont aujourd’hui vendus à prix d’or comme l’a officialisée la nouvelle mercuriale des prix (11500 fcfa minimum pour un carton de 10 kgs de cuisse de poulet et jusqu’à 15000 fcfa chez certains opérateurs). Une situation qui fait planer un réel risque de sécurité alimentaire et sanitaire. 

    Encadré : un poulet à faible valeur ajoutée destiné à l’Afrique
    Selon le rapport “Les coulisses de l’exportation de l’élevage bas gamme français” publié en octobre 2022 par plusieurs ONG français, le poulet français importé en Afrique est de piètre qualité. En effet, “depuis les années 80, la France s’est spécialisée dans le « poulet export », à savoir un poulet à très faible valeur ajoutée, de très faible poids (<1,6kg), tué jeune (moins de 40 jours) et congelé, destiné au marché mondial hors Europe”. Le rapport souligne que cette production mobilise une filière française spécifique qui se consacre exclusivement à l’élevage, la transformation et la commercialisation de ces « poulets exports ». 
    
    Ainsi, depuis 2013, ces exportations n’arrivent plus à rivaliser avec les productions brésiliennes et ukrainiennes. Elles ont chuté de 47% depuis 1995 tout en représentant encore 32% de la production de volaille française en 2019. Ces poulets exports sont exportés au Moyen-Orient et en progression vers l’Afrique subsaharienne, tandis que les bas morceaux issus de la découpe de poulets sont destinés à l’Afrique subsaharienne.

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