C’est un grand coup de ménage que l’Agence nationale des Bourses du Gabon (ANBG) s’apprête à faire dès l’année scolaire prochaine (2023-2024). Dans un communiqué daté du 24 octobre dernier, l’Agence informe qu’elle n’accordera plus les bourses pour l’étranger qu »aux apprenants souhaitant poursuivre leurs études dans les établissements d’enseignement supérieurs publics ». Exit ainsi les universités privées des pays d’accueil, dont bon nombre avaient pourtant tissé des partenariats avec l’ANBG au fil des années.
Cette exigence ne concerne pas les bourses de coopération et celles « relatives aux programmes de formation spécifiques à fort taux d’employabilité« , précise l’ANBG.
La décision, qui vise à réduire les dépenses de l’État, a suscité de fortes réactions auprès des populations gabonaises. D’abord, sur le point où cette nouvelle exigence briserait la scolarité des étudiants qui sont en cours de cycle dans des universités privées à l’étranger. D’autre part, plusieurs se méfient du caractère ambigu et du fourre-tout que peut devenir l’exemption « programmes de formation spécifiques à fort taux d’employabilité« .
« L’idéal serait de construire des établissements d’enseignement supérieur au pays, comme vous ne voulez plus financer les études des Gabonais (…) Moi j’aimerais seulement savoir, pour les étudiants qui sont actuellement en cours de cycle dans les établissements privés à l’étranger, qu’est ce que vous avez prévu pour eux, puisque leurs bourses ne vont pas être reconduites ?« , a questionné une internaute sur la page Facebook de l’ANBG.
A.M, une étudiante gabonaise au Sénégal, a elle aussi partagé ses réticences. « Pardon ANBG, je dois terminer mon cycle en 2023/2024, comme le stipule notre engagement de 3 ans que je m’attelle à respecter, en travaillant bien à l’école. Et dans ce contrat, il n’est pas écrit que je vais faire deux ans au privé, et un an au public. Nous nous sommes engagés sur une université bien précise« , a-t-elle indiqué.
Pour Richard Mouangue, un observateur, cette décision cache mal la volonté des pouvoirs publics de « couper« , in fine, la bourse aux jeunes Gabonais. « Pourquoi ne pas suspendre les bourses une fois pour toute, pour qu’on n’en parle plus« , s’est-il emporté. Estimant que « tous les jours , l’ANBG invente une nouvelle loi qui handicape les enfants« .
Tout porte à croire que ce communiqué n’a pas fini de faire des vagues. Car même si l’idée, pour l’État, est de faire des économies, la décision gagnerait à être mieux étayée par les responsables de l’ANBG, notamment sur certains contours encore flous.