jeudi, mars 28, 2024
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    Concertation politique et CGE : lettre ouverte de Francky Meba Ondo à Akuré Davain

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    Dans une lettre ouverte publiée sur sa page Facebook, le vice-président du parti REAGIR, Francky Meba Ondo s’est indigné de la validation des conclusions de la concertation politique par les partis de l’opposition. Il s’est dit déçu et dégouté par le rôle principal qu’a joué le député du parti Les Démocrates,  Séraphin Akuré-Davain pour le compte de l’opposition. Lecture.

    « Honorable,

    Puisque l’histoire retiendra que c’est sous votre conduite qu’une certaine opposition est allée « vendre le pays » un 23 février 2023 contre le bénéfice très personnel de monsieur Ali Bongo Ondimba, de son fils Noureddin Bongo Valentin et de leur légion étrangère…

    Je voudrais par la présente vous exprimer, non pas la déception, mais le dégoût que vos actes inspirent aujourd’hui auprès d’une majorité de nos Compatriotes. Cela, après avoir construit autour de votre personnalité politique l’image pourtant respectable d’un représentant valable du Peuple gabonais dans une Assemblée nationale dominée par des députés « béni-oui-oui » et soumis au diktat méprisable du Parti Démocratique Gabonais (PDG).

    Nous nous demandons finalement si vos prises de parole dans cette Assemblée nationale, qui suscitaient l’adhésion de nos Compatriotes non représentés par nombre de ces Parlementaires, n’étaient-elles pas que des mises en scène pour distraire son monde ? 

    Sinon, comment comprendre votre silence docile et complice, et celui de votre parti, LES DÉMOCRATES, à la suite des mascarades que nous venons de vivre au Centre Gabonais des Élections et au terme de la fameuse concertation politique de ce mois de février 2023 ?

    Comment expliquez-vous que votre parti occupe la Vice-présidence d’un bureau illégal du CGE dénoncé par les Gabonais, et ayant porté à sa tête un PDGiste à la moralité douteuse, tout ceci au mépris des dispositions légales qui l’interdisent ?

    Où est passée votre verve de l’Assemblée nationale face à ces situations condamnables ?

    Comment nous expliquer qu’une concertation politique censée porter sur la transparence électorale, au regard des événements dramatiques et meurtriers de la présidentielle de 2016, s’est penchée sur tout… Sauf la transparence électorale en vue de prochains lendemains électoraux apaisés ?

    Honorable, dites-nous… 

    Quel Gabonais ou quelle Gabonaise a perdu sa vie… Ou s’est retrouvée dans la rue ou ailleurs (Au Trocadéro à Paris par exemple) à contester l’élection de monsieur Ali Bongo Ondimba parce que le mandat était de 7 ans ? Parce que la caution à la présidentielle était à 20 millions de FCFA ? Parce que des sénateurs de l’opposition n’étaient pas nommés par le Distingué Camarade du PDG ?

    Un opposant peut-il réellement s’opposer à la gouvernance d’un Président de la République qui le nomme sénateur ? Où est la cohérence ? 

    C’est autrement dire que vous avez organisé une prétendue concertation politique dédiée à l’expression de la sorcellerie politique sur le dos du contribuable Gabonais sans jamais défendre ses intérêts ! 

    Parce que rechercher l’apaisement, la vérité des urnes et la paix au lendemain des prochains scrutins consistait à orienter principalement le débat sur des réformes immédiates du Centre Gabonais des Élections et du Code électoral. Après vérification concrète, il n’en est rien ! 

    Cette concertation politique pour laquelle des gens comme nous se sont battus depuis des années, pendant que vos amis du pouvoir PDG prétendaient que tout allait bien, aurait dû immédiatement remettre en cause ce CGE dirigé par un PDGiste à la moralité douteuse.

    Cette concertation aurait dû exiger l’abrogation du décret no 00236/PR/MISDDL du 04 octobre 2018 qui a dénaturé le processus de convoyage des urnes (confié exclusivement aux militaires) et d’affichage des procès-verbaux. Elle aurait dû se pencher sur notre proposition visant l’introduction d’un nouveau format de procès-verbal vidéo (PVV). Elle aurait pu puiser des réformes innovantes et déjà formulées dans les mémorandums à l’initiative de l’Union Nationale et du parti REAGIR, entre autres. Hélas !

    Honorable, 

    Vous êtes, avec vos amis du Pouvoir PDG, désormais responsables devant l’histoire de ce qui se passera demain à cause de vos calculs personnels au détriment des intérêts des Gabonais pris dans leur majorité.

    Nous allons marquer dans le marbre tous les noms de ceux — notamment d’une certaine opposition– qui ont participé à toutes ces mascarades. Du CGE à la concertation des traîtres érigés contre la véritable démocratie exigée par les Gabonais.

    Honorable, 

    Lors de son discours de ce 23 février 2023, monsieur Ali Bongo Ondimba a précisément dit qu’il vous a donné des « consignes » que vous avez respectées. Il vous a salué pour cet esprit de soumission inacceptable pour de soi-disant « opposants ». 

    À quel titre monsieur Ali Bongo Ondimba donnerait des consignes à des opposants ?

    A moins que, comme cela se dit dans certaines conversations depuis hier soir, ces consignes n’aient plutôt été celles du Grand Maître d’une certaine Franc-maçonnerie bien gabonaise à ses « sujets ».

    A moins que, derrière l’acceptation de toute cette mascarade, se cachent d’autres négociations ! Vu que le Président de votre parti est assigné à résidence, après avoir été chopé avec un milliard de FCFA dans un pick-up à Franceville. Ce qui expliquerait votre participation docile à la mascarade du CGE et de cette fameuse concertation. 

    Même le Premier ministre a exigé que personne ne s’exprime publiquement tout au long de la fameuse concertation… et vous, soi-disant opposants, vous êtes soumis à cette incurie en plein 21è siècle. Ignorant que vous n’aviez de comptes à rendre qu’aux populations gabonaises. 

    Au lieu de vous battre pour renforcer la transparence électorale et la souveraineté de ce Peuple Gabonais auprès duquel chaque homme politique sérieux se doit de tirer sa légitimité, vous êtes allés prioritairement négocier un statut de l’opposant et des nominations de sénateurs issus de l’opposition.

    Comme hier avec le ministre de l’Intérieur qui s’est choisi ses opposants au CGE, monsieur Ali Bongo Ondimba devrait décider demain de qui sera opposant dans « ses institutions ».

    A croire que vous vous êtes résolus à faire carrière dans l’opposition.

    Honorable, 

    Quid de votre dernière sortie à l’Assemblée nationale qui empruntait à feu André Mba Obame sa célèbre formule : « Vous entendrez parler de moi ? »

    Il s’agissait donc pour vous de participer à la mascarade du CGE et de la concertation politique au bénéfice du PDG ? 

    Les Gabonais apprécieront.

    Par ailleurs, en faisant semblant de lancer le ballon d’essai sur un Président de la République à élire par le Parlement, vous aviez plutôt, avec vos complices du Pouvoir PDG, l’idée de ramener les scrutins politiques à un tour. En donnant l’impression d’avoir rejeté la première fausse idée pour légitimer la vraie. Celle qui est, aux yeux des Gabonais démocrates et patriotes, un recul démocratique évident.

    Ainsi, on devrait demain trouver normal d’avoir un Président de la République ou un député élu seulement avec 5% ou 10% des suffrages. Pourvu que ce suffrage soit le plus élevé.

    Quelle sera en conséquence la légitimité d’un tel personnel politique ?

    Honorable, telle est l’expression de mon dégoût.

    ______________

    À titre personnel, je ne tiens plus à m’associer à des aînés en politique qui donnent une image exécrable à la politique. Si c’est cela être opposant au Gabon, je n’en suis plus un depuis ce 23 février 2023.

    Je me contenterai d’être un Patriote en militant auprès du Peuple qui réclame et exige l’alternance politique dans toutes nos institutions. 

    Que les opposants du pouvoir-PDG demeurent désormais avec ce pouvoir. Nous n’allons plus nous mélanger. Et nous prendrons nos responsabilités au moment opportun.

    Si nous n’avons plus de repères parmi nos devanciers en politique au Gabon, nous deviendrons alors nos propres repères.

    Dans la Paix du Fils de l’Autre. »

    Étienne Francky Meba Ondo

    Vice-président de REAGIR 

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