Consommation de boissons : les Gabonais préfèrent-ils l’alcool à l’eau ?

LE COFFRET

En dépit des ravages causés par la consommation d’alcool, qu’elle soit chronique ou épisodique, au Gabon il semblerait qu’il soit de plus en plus facile de s’y adonner. Si l’on se fie notamment au faible coût d’une certaine bière locale (500 fcfa) par rapport au coût d’une bouteille d’eau minérale (de 600 fcfa le 1l à 2000 fcfa le 10l), il apparaît qu’au Gabon, il soit plus facile de s’alcooliser que de simplement s’hydrater. Une donnée expliquant le classement 2020 de l’OMS, faisant du pays le premier consommateur en Afrique. 

Capable de nuire à presque tous les organes du corps humain avec des maladies allant des cancers (bouche, gorge, œsophage, larynx, pancréas, foie et sein), aux maladies du système digestif (pancréatite, gastrite, stéatose, hépatite alcoolique et cirrhose du foie) ou encore des maladies cardiaques et circulatoires (accident vasculaire cérébral, hypertension, infarctus), entraînant ainsi un affaiblissement du système immunitaire, l’alcool demeure pourtant le produit le plus accessible sur le marché gabonais. 

Produit en grande quantité par les deux brasseries du pays dont Sobraga et Sofavin,  1,9 million d’hectolitres de bières en 2021 pour 39,4 milliers d’hectolitres de vins (données Dgepf contenues dans la note de conjoncture à fin décembre), l’alcool apparaît aujourd’hui bien plus accessible pour les populations, que tout autre produit fabriqué localement. Même l’eau minérale, avec seulement 1,1 million d’hectolitres en 2021 (toujours selon la note de conjoncture à fin décembre), est loin derrière. Toute chose expliquant le fait que le pays soit considéré comme le champion en la matière sur le continent en 2020, avec une moyenne de 9,1 litres d’alcool pur par an et par habitant de plus de 15 ans. Le pays, avec ses 2 millions d’habitants, est devant le Cameroun et le Nigéria qui comptent respectivement 27,8 millions d’habitants et 219 millions d’habitants. Tandis que leurs populations consomment respectivement 9 litres pour les Camerounais et 8 litres pour les Nigérians, par an.

Accessible à n’importe qui, n’importe où et n’importe quand, l’alcool qui en plus des maladies précitées, cause également blessures et accidents en plus de nombreuses maladies du système nerveux (polyneuropathie alcoolique, démence alcoolique et atrophie du cerveau, encéphalopathie de Wernicke, syndrome de Korsakow, myopathie alcoolique), apparaît donc totalement banalisé au Gabon. Un pays dans lequel se nourrir décemment relève de plus en plus de l’utopie (jusqu’à 14000 fcfa le carton de 10 kgs de poulet selon la nouvelle mercuriale des prix de la DGCC). 

Dans un contexte où le pays à besoin de toutes ses forces vives pour accéder à un réel changement, cette donnée semble ne pas du tout inquiéter les autorités, qui n’hésitent pourtant pas à scander des slogans visant à en limiter la consommation. De plus, se cherchant des alternatives visant à augmenter les recettes fiscales, ces mêmes autorités semblent privilégier les surtaxes sur les produits de première nécessité, alors qu’en augmentant les taxes liées aux différents alcools, ils pourraient mieux subventionner lesdits produits de première nécessité.

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