mardi, avril 30, 2024
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    Critic’Art : Hérédité et fatalité dans Déconnecté de Jonathan Moreau

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    KRIST KRIST
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    De son vrai nom Jilkrist BINGANA MOMBO, Krist est un critique d'art de 25 ans. En Master recherche de Lettres Modernes, il est également un artiste auteur compositeur. C'est à la croisée de la littérature et de la musique que Krist nous propose des lectures interprétatives des textes de chansons. Depuis février 2022, il est contributeur à Inside News241.

    La critique d’art est l’art de juger les œuvres de l’esprit à travers une traduction du langage artistique en langage logique. Un exercice auquel se prête chaque semaine avec maestria notre critique, Krist, qui nous emporte cette fois-ci dans l’univers de Jonathan Moreau à travers Déconnecté. Découverte.

    Dans cette lecture sociologique de la question de l’hérédité, nous la lions intrinsèquement à celle d’un fatalisme : dans son acception  de prédisposition oraculeuse puis de terrible ou de malheur inévitable.

    Le silence : une trace discursive fantomatique

    D’abord lire l’hérédité dans Déconnecté  de Jonathan Moreau c’est d’abord dire que l’œuvre cinématographique du réalisateur gabonais est une prestation incarnée de la prégnance du lien à la figure maternelle.

    Cette mère est dans le texte une présence fantomatique, intérieure comme une parole non dite imageant un discours abstrait. En ce sens, le silence marqué par le personnage principal donne la voix à une mère qui n’est plus et matérialise sa présence-absence dans un silence de 2 minutes et 36 secondes au début du court métrage.

    Hérédité et réflexivité du harcèlement et de la mort

    Ensuite s’insère la question du terrible quand intervient  la première parole du personnage principal  » c’est de ta faute si je suis comme ça « .  Considérer la nécessaire coprésence des deux instances de l’énonciation (émetteur et récepteur) c’est ainsi rendre possible une actualisation herméneutique qui nous fait à la fois lier le personnage figurant, au sens de présence en image,  à ce personnage absent ou  au juste abstrait par le biais de la communication : par l’impératif « Ouvre moi ! »,  le fils devient une image de l’échange ou la conversation,  entre lui et sa mère. 

    Le langage péjoratif à travers la première parole dite par le personnage  » c’est de ta faute  si je suis comme ça «  introduit la pensée  d’une conséquence malheureuse lié à la relation filiale entre ces deux personnages et à l’héritage qu’il partage. Cet héritage, terrible,  se matérialise dans le harcèlement à travers les commentaires Instagram et les paroles suivantes « Si t’étais pas autant accro à cette merde je ne serai pas autant fiché dans la ville comme ça». 

    Le harcèlement qu’il subit conduit à la 4e minute à une déconnexion médiatique. Cette déconnexion de la plateforme socio-numérique « Vous avez désinstallé l’application avec succès ». Cette action de rupture des échanges équivaut  à une sorte de suicide social qui conséquemment le relie à sa mère morte et en fait le reflet  dans une société bien vivante. 

    Parricide Nietzschéen : Horizon d’attente d’un débat sociologique sur l’hérédité

    Enfin les deux arguments critiques sus présentés nous permettent de construire un horizon d’attente face à l’histoire mise en image. Ainsi au-delà de la déconnexion aux réseaux sociaux, on pourrait explorer la possibilité poétique d’un parricide nietzschéen par la déconnexion avec l’héritage maternelle.

    La question du parricide nietzschéen prendrait ici le sens d’une révolte contre ce que l’on est par le fait d’une constitution sociale. Elle permettrait ainsi de transcender le drame du harcèlement en montrant le drame de l’héritage. En effet, le personnage que l’on suit à l’écran se trouve harcelé dans sa socialité par les personnes sur les réseaux mais plus encore à l’intérieur par l’héritage que lui laisse sa mère. 

    Le conflit interne conséquent à l’histoire de nos familles est selon nous plus grand que celui qu’on a avec la société et en soi même :  il y’a une violence inouïe dans ce phénomène naturel qu’être le fils de X. Pratiquement : être un « fils de putes » par exemple est une injure indirecte qui montre la violence d’une filiation en indexant à la fois les deux acteurs de la filiation. 

    Actualités : Jonathan Moreau est un réalisateur prometteur. A l’égard des récompenses reçues lors de participation à des concours de courts métrages et du très  applaudi documentaire sur l’industrie musicale gabonaise intitulé « Eveille Toi ». Nous lui souhaitons une actualité bien remplie et un franc succès. Pour notre part, nous voudrions vous partager notre joie d’avoir performé en live pour la première fois devant le regard de notre maman.

    By KRIST

    De son vrai nom Jilkrist BINGANA MOMBO, Krist est un artiste et critique d’art gabonais.

    Auteur de musique Jazz et passionné par les arts écrits, les articles qu’il propose s’intéressent aux possibilités interprétatives des œuvres d’arts. Il s’agit donc d’utiliser les outils et théories savantes de la critique littéraire pour interpréter des œuvres musicales et autres, afin d’en souligner le génie.

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