16 ans après la disparition des Balafon Gabon Music, les acteurs culturels ont à nouveau eu droit à une cérémonie de distinction ce vendredi 25 novembre, à travers la première édition de La Nuit des talents. Un « cadeau du chef de l’État », comme l’a présenté le ministre de la Culture, mais qui sonne surtout comme une opération de charme pré-2023 pour de nombreux observateurs. Lesquels s’étonnent de l’intérêt soudain des pouvoirs publics pour l’art.
Ce vendredi 25 novembre, s’est tenue la première édition du concours « La Nuit Du Talent », avec une vingtaine de primés (cinéma, comédie, hip-hop, présentation, réalisation de vidéo-clips, etc.). Chaque lauréat est reparti avec un trophée et une enveloppe d’au moins 2 millions de fcfa, selon une source proche de l’organisation. Lauréats de prix spéciaux, les artistes Pierre Claver Akendengue, Omar Defundzu et Serge Abessolo ont réceptionné leur récompenses des mains du président Ali Bongo Ondimba (qui s’est déplacé pour l’occasion), empochant pour chacun la cagnotte de 20 millions de fcfa.
Ces distinctions qui sont à saluer, interviennent dans un secteur culturel connu pour être à l’abandon des gouvernants. Dans l’investissement comme dans l’encadrement, à l’instar de l’absence des droits d’auteurs, du statut de l’artiste, de salles de spectacle, etc. L’évènement laisse d’ailleurs des doutes quant à sa pérennisation, tant le ministre de la Culture, Patrick Mouguiama-Daouda, l’a présenté non pas comme le résultat d’une politique culturelle, mais comme « un cadeau du président de la République« .
Toute chose qui a fait dire à plusieurs observateurs que cette attirance soudaine des pouvoirs publics pour le monde artistique sonne comme un air de pré-campagne, à quelques neuf mois des élections générales de 2023.
Parmi les adeptes de cette thèse, Camille Epembia, ancien rappeur gabonais connu sous le pseudonyme de Cam et entrepreneur. « Comme avant toutes les élections majeures, des évènements susceptibles de fédérer la classe votante apparaissent ou réapparaissent. Des promesses sont faites, de l’argent est distribué aux « plus méritants », qui étaient jadis ignorés, voir négligés. Les jeunes sont subitement à l’honneur. Les artistes sont finalement regardés comme des talents qu’il faut valoriser. En plus, ce n’est que la première édition. Donc si vous voulez la deuxième édition, il faudra soutenir celui « grâce » à qui la première édition a été possible. Jusqu’à quand Seigneur Jésus ?« , a-t-il écrit sur son compte Facebook.
Comme lui, Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, membre de la société civile gabonaise, a déploré le glissement de cet évènement vers le terrain politique. Tout comme il a regretté la disparition d’initiatives telles que les Balafon Gabon Music. « Les seules fois depuis 2009 où les gouvernants pensent aux artistes, c’est à la veille de l’élection présidentielle… Pendant ce temps, en 14 ans de gestion du pays, les résultats de l’art au Gabon sont invisibles (…)… D’ici février 2023, ces artistes vous présenteront le HIT DE CAMPAGNE en l’honneur d’ALI23« , a-t-il déclaré.
Steeve Chasa Ondo dit Sinsh Farell’O, acteur culturel de premier plan et soutien du chef de l’État, s’est lui aussi fendu d’un post à charge contre la politique culturelle actuellement menée dans le pays. « Désolé mais c’est difficile de vivre au pays des autruches (…) Une simple salle de spectacle« , a-t-il semblé demander. Puisse ces remarques et critiques mieux orienter la politique culturelle du Gabon pour les années à venir.
C sa le Gabonais tjrs dans la critique c jamais bien chapeau au ministère
la distraction au rendez vous. L’Afrique a besoin de cette union pour se construire