Créée en 2011 avec entre autre objectif d’exécuter les politiques publiques en matière de sécurité sanitaire des aliments et phytosanitaire, le tout dans le but d’assurer la protection de la santé des consommateurs, l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa) est au fil des ans devenue une véritable mine d’or. Il faut dire qu’en observant les 1,2 milliard de fcfa de masse salariale annuelle de cette entité comme le révèle le rapport sur les entités publiques adossé à la loi de finance 2023, des questions fusent. Surtout que l’agence ne compte que 42 fonctionnaires et 103 contractuels comme employés.
En dépit du fait qu’il reconnaisse volontiers « les nombreux problèmes qui se posent par rapport à la gouvernance des SPP ainsi qu’à la maîtrise de la dépense publique en lien avec les transferts dédiés à ces derniers », comme indiqué dans son rapport relatif à la gestion des SPP, l’exécutif gabonais semble loin de pouvoir juguler le phénomène. Résultats des courses, une faiblesse des tutelles technique et financière, un faible contrôle administratif et budgétaire, une quasi indépendance de ces SPP (services publics personnalisés) vis-à-vis de l’Etat central et de ses comptes, se traduisant par des dérives en tous genres.
En effet, alors qu’ils peinent ne serait-ce qu’à fournir des reportings sur leur performance financière, ces SPP à l’image de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) à qui nous avons adressé un courrier il y a plus de trois semaines sans suite, excellent dans les dérapages budgétaires substantiels. S’octroyant des masses salariales faramineuses, comme on peut le constater pour le cas de cette agence censée être la garante de la sécurité alimentaire et qui en 2020 a dégagé jusqu’à 992,6 millions de fcfa de masse salariale et jusqu’à 1,214 milliard de fcfa en 2021, elles n’hésitent pas à profiter de leur situation comme on peut le souligner dans le rapport retraçant les dépenses relatives aux SPP. Il faut souligner que l’agence compte à peine 42 fonctionnaires, 103 contractuels comme comme agents et 65 stagiaires.
Ajoutant à cette somme déjà colossale, 550 millions de fcfa en deux ans en achats de biens et services et près de 350 millions de fcfa en dépenses d’investissement sur la même période, on est en droit de se questionner sur la pertinence de telles dépenses. Dans un pays où les aliments impropres à la consommation causent de plus en plus d’intoxications alimentaires, et même des décès dans certains cas, pour cette agence dont la responsable n’est autre qu’Alia Maëva Bongo Ondimba épouse Biendi Maganga Moussavou, et dont la responsabilité est de favoriser la sécurité alimentaire, difficile de comprendre de tels agissements.
Pour rappel, Alia Maëva Bongo Ondimba a pris les commandes de l’Agasa le 1er mars 2019, après sa nomination lors du Conseil des ministres du 26 février de la même année, elle n’est donc pas étrangère à ces hausses inconsidérées des frais de fonctionnement. Incapable par ailleurs de produire ou de mettre à la disposition du contribuable un rapport financier permettant de jauger de la crédibilité et de la justesse de ces dépenses arguant une question de « confidentialité« , l’Agasa fait donc partie de ces entités publiques gloutonnes et improductives. A charge aux nouvelles autorités de jeter un pavé dans la marre de ces SPP dont la masse salariale globale se chiffre à plus de 40 milliards de fcfa en 2020 et plus de 46 milliards de fcfa en 2021.