Énième taxe imposée aux contribuables ou du moins à une catégorie de contribuables gabonais, la taxe sur les retraits d’argent en espèces a généré en 2022, pas moins de 1,019 milliard de fcfa. Plus important par exemple que le montant prélevé par l’Etat au titre des amendes transactionnelles sur l’exploitation des forêts qui se sont chiffrées à 800 millions de fcfa en 2022, ce milliard de fcfa de recette budgétaire intrigue quant à sa destination, puisqu’aucune information sur son utilisation n’est disponible.
Controversée depuis son instauration et son entrée en vigueur, la taxe sur les retraits dont le taux est fixé à 2% et qui est assise sur le montant hors taxes des sommes retirées par les usagers, continue de faire débat mais cette fois concernant son utilisation et sa destination. Il faut dire qu’en 2022, ce sont pas moins de 1,019 milliard de fcfa qui ont été collectés par l’Etat au titre de cette taxe « due par toutes les personnes physiques ou morales qui effectuent au cours d’un mois un ou plusieurs retraits en numéraires, pour un montant cumulé supérieur ou égal à cinq millions de FCFA, indépendamment du mode ou de la fréquence de retrait ».
Présentée par l’exécutif comme un moyen « d’accélérer le changement d’habitude des usagers, en les incitants économiquement à privilégier les transactions numériques ou traçables (via chèque, virement bancaire, cartes de paiement ou encore mobile money) », cette taxe, qui s’ajoute aux nombreuses autres dont on ignore la destination et l’utilisation à l’image de la Contribution Spéciale de solidarité (CSS) qui a généré plus de 9,5 milliards de fcfa en 2022 ou encore les contributions spéciales de l’Eau et de l’Électricité qui ont toutes deux générées près de 8 milliards de fcfa en 2022, semble uniquement alourdir un peu plus les dépenses des usagers.
Considérant que depuis son entrée en vigueur elle s’est imposée à eux générant pour l’Etat une entrée pécuniaire non négligeable (1,019 milliard de fcfa en 2022 et 3 milliards de fcfa prévus en 2023), alors que dans le même temps aucune amélioration notable n’a été observée dans un secteur bancaire où les opérateurs multiplient eux aussi les taxes opérationnelles, difficile de mesurer la pertinence d’une telle taxe. Alors que dans le même temps les transactions intraçables via mobile money ont explosé à plus de 2 000 milliards de fcfa en 2020, la logique du gouvernement mérite des explications.