Organisme privé chargé de la gestion d’un service public, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) vit les heures les plus sombres de son histoire. Entre vacillements et risques de faillite, l’entité dirigée par Patrick Ossi Okiri semble plus que jamais dans l’incapacité de faire face à ses responsabilités. Que ce soit en interne ou selon des sources proches il y aurait d’ores et déjà des difficultés de paiement, ou en externe avec des pensions de retraites impayées depuis de nombreux mois, la Caisse semble plus que jamais proche d’une inévitable faillite.
Pour que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) puisse survivre, il faudrait que l’Etat consente à « injecter 500 milliards de francs cfa pour éviter la faillite de l’organisme de sécurité sociale et garantir le paiement des salaires et des prestations techniques ». Ces mots sont d’André Richard Ndi Bekoung, président du Syndicat des professionnels de la Caisse nationale de sécurité sociale (Sypross). Lors d’une récente interview chez nos confrères de L’Union, le responsable syndicale a dressé un tableau bien sombre de cette entité censée assurer un service public essentiel.
En effet, placée sous assistance respiratoire au cours de ces dernières années, la Caisse est aujourd’hui en manque d’oxygène comme la quasi-totalité des organismes à caractère public. Entre créances en souffrance évaluées à plus de 700 milliards de FCFA, dettes liées à des projets peu structurants et soldés par des échecs cuisants à l’image de la construction du nouveau siège social, l’organisme dirigé à ce jour par Patrick Ossi Okiri paie une gouvernance peu orthodoxe. Ce ne sont pas les retraités qui diront le contraire, eux qui peinent à entrer en possession de leur dû après des années de durs labeurs.
Contraint d’implorer l’aide d’un État défaillant, lui aussi déficitaire et au bord du surendettement, c’est donc vers un précipice profond que fonce cette entité endettée à hauteur de 55 milliards de fcfa auprès des établissements bancaires. Si l’on y ajoute des charges de fonctionnement excessives de l’ordre de 49 milliards de fcfa et une absence totale de visibilité concernant le recouvrement, l’on se rend bien compte que la CNSS aura du mal à survivre dans ce contexte de multiplication de crises.
Créée en 1975, la Caisse qui a vu passer tour à tour au sein de sa direction générale, Jean Baillard, Michel Abessolo, Jean Dende, Léonard Badinga, Sylvestre Oyoumi, Omer Piankali, Daniel Tchipandi Tomba, Emmanuel Nze Bekale, Serge Lasseni Duboze, Antoine Yalanzele, Vane Ndong Obiang et plus récemment Désiré Lassegue, Nicole Assele, Romaric Youmou Mbodot, Charles Mendoume, puis Patrick Ossi Okiri, semble donc plus que jamais au bord d’un chaos annoncé. Un chaos qui devrait avoir de lourdes conséquences sur l’espérance de vie de nombreux Gabonais.