Avec en moyenne un peu plus de 160 milliards de fcfa de budgets annuels pour la défense et 80 milliards de fcfa pour la sécurité, ces missions ont été sous le magistère d’Ali Bongo Ondimba, les mieux fournies en termes de budgets. Que ce soit en termes de dépenses de personnels, de dépenses de biens et services ou encore de dépenses d’investissements, ces missions ont absorbé près de 3500 milliards de fcfa au cours des quatorze dernières années. Une somme colossale qui devrait être revue à la baisse afin de privilégier des dépenses beaucoup plus tournées vers l’avenir, telles que le numérique.
161 milliards de fcfa pour la défense et 80 milliards de fcfa pour la Sécurité, le tout pour la seule année 2022 comme on peut le souligner dans la loi de finance rectificative (LFR). 214 milliards de fcfa cumulés en dépenses de personnel pour les 33198 agents que compte le ministère de la Défense nationale, soit l’équivalent de la masse salariale combinée des ministères de la Justice (11,7 milliards de fcfa), de l’Emploi (33,4 milliards de fcfa) et de l’Education nationale (167 milliards de fcfa). C’est énorme pour un pays d’à peine deux millions d’habitants.
Dans un contexte de transition où les aides multilatérales devraient se faire rare à l’image des Etats-Unis qui ont déjà annoncé suspendre temporairement leur aide publique au développement, les autorités de la transition vont-elles s’enliser dans ce train de dépenses lancé à vive allure par le pouvoir précédent? Où au contraire changer leur fusil d’épaule en rééquilibrant les débats et en arbitrant différemment? Ces questions sont celles que se posent de nombreux observateurs de la sphère économique, qui peinent jusque-là à voir des signes positifs d’une amélioration de la gouvernance.
En effet, alors que le chômage, notamment des jeunes, demeure une préoccupation grandissante pour un pays dans lequel ils composent plus de la moitié de la population, et que les infrastructures restent une priorité absolue pour un pays qui en manque cruellement, le CTRI et son gouvernement vont-ils vraiment oser le changement? Oser reconnaître ce qui est pour l’améliorer? Oser prendre des mesures fortes visant l’intérêt du plus grand nombre? Des questions qui interpellent à quelques semaines du début des débats concernant la prochaine loi de finance.
Au centre de l’attention donc, le budget colossal des forces de défense et de sécurité dont la majeure partie sert à payer des salaires devenus trop importants, va-t-il être revu à la baisse où au contraire va-t-il connaître une hausse significative? Dans un environnement où l’éducation, la justice, les infrastructures, l’agriculture et les nouvelles technologies doivent prendre une place plus importante pour s’arrimer aux défis mondiaux, les réponses à ces questions seront déterminantes.