samedi, juillet 27, 2024
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    Gabon : le projet de loi électorale qui sème la discorde à l’Assemblée nationale de transition

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    Au Gabon, un projet de loi électorale au potentiel explosif a plongé l’Assemblée nationale dans la confusion et soulevé des critiques acerbes concernant la stabilité démocratique du pays. Mercredi dernier, une audition cruciale du ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a été annulée en raison de controverses et de débats alimentés par ce texte législatif.

    Prêt à présenter son projet de loi, Hermann Immongault a été confronté à une opposition immédiate. Les parlementaires, frustrés par l’absence de communication préalable adéquate, ont soulevé des questions de procédure : le texte n’était pas transmis dans les délais réglementaires de 48 heures. Cette lacune a empêché les députés de préparer leurs questions, ce qui a été considéré inacceptable vu l’importance du projet en discussion.

    Des violations procédurales aux débats fondamentaux

    Ainsi, plus que des formalités, les critiques se sont cristallisées sur des points fondamentaux touchant le calendrier législatif et constitutionnel du pays. En effet, selon le député Jean Valentin Leyama et d’autres, les discussions sur une nouvelle loi électorale devaient suivre le référendum sur la nouvelle constitution prévu pour janvier 2025. « C’est d’une logique élémentaire », a martelé Leyama, soulignant le caractère primordial de la constitution sur les lois électorales.

    De profondes modifications en jeu

    Le projet vise à transférer des responsabilités cruciales du Centre gabonais des élections (CGE) au ministère de l’Intérieur. Ce, en modifiant plus de trente articles de la loi électorale de 1996. Si adopté, ce texte accorderait au ministère un pouvoir considérable sur l’organisation des élections, la gestion du matériel électoral, et même la validation des candidatures. Déjà, certaines voix dénoncent une tentative rétrograde de concentrer le pouvoir au sein de l’exécutif, rappelant des pratiques à l’époque du parti unique.

    Des risques pour la démocratie

    Par ailleurs, la critique la plus virulente est venue de Jean Valentin Leyama. Ce dernier voit dans cette réforme un enterrement des acquis démocratiques chèrement obtenus. En centralisant les pouvoirs et en nommant des membres de commissions électorales locales par le ministère, la crainte d’élections verrouillées grandit. Les mêmes craintes sont partagées au-delà des lignes politiques, renforçant l’opposition contre le projet.

    Un avenir incertain

    L’annulation de l’audition a été suivie par des tensions accrues dans l’Assemblée. Des députés ont d’ailleurs quitté la salle en signe de protestation. Le report de la session à ce lundi laisse entrevoir de nouvelles confrontations. Les députés étant déterminés à protéger l’intégrité des processus démocratiques du pays.

    La crise actuelle autour du projet de loi électorale n’est pas seulement une bataille procédurale. Elle dévoile les sous-tensions politiques et les défis de gouvernance que le Gabon doit surmonter à l’aube de ces réformes majeures initiées par les autorités de transition. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour tracer le chemin de la démocratie gabonaise.

    En outre, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) passe son premier test sur le respect de la souveraineté du peuple. S’il échoue à convaincre de sa volonté à rompre avec les pratiques pédégistes qui ont conduit à la chute d’Ali Bongo Ondimba, sa popularité, déjà en baisse, pourrait prendre un nouveau coup. 

    En définitive, l’avenir électoral du Gabon semble plus incertain que jamais. Il reste à voir si le pays parviendra à concilier les nécessités de réformes avec les exigences démocratiques de transparence et de justice. 

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