Les conclusions issues de la concertation politique qui fuitent depuis le jeudi 23 février 2023 semblent diviser et envenimer les choses au Gabon plutôt qu’elles ne devraient participer à garantir et à rassurer de l’effectivité des lendemains électoraux apaisés tant recherchés par les assises qui ont mobilisé plusieurs jours durant la classe politique gabonaise.
Pour le pouvoir en place et les acteurs politiques de la majorité, les conclusions sont une satisfaction totale. La qualité et la dignité des travaux aurait même surpris le chef de l’État qui ne s’imaginait certainement pas que l’opposition et la majorité pouvaient travailler dans une telle synergie et unité d’esprit incomparables pour l’intérêt général. « Vos travaux se sont déroulés dans une grande dignité. C’est une très belle image de la politique que vous avez donnée à nos concitoyens. J’en suis fier. Les Gabonais en sont fiers. Vous pouvez, toutes et tous ici, en être fiers ! », s’est satisfait Ali Bongo Ondimba lors de la cérémonie de clôture de la concertation politique.
Dénonciation du recul de la démocratie
Du côté des populations et de l’opposition, celle ayant décidé de ne pas prendre part aux assises, c’est un tout autre son de cloche. Les conclusions ont un goût amer lorsqu’elles ne sont pas une trahison. Pour beaucoup, les résolutions des assises sont loin de l’essentiel et constituent dans le fond un véritable recul pour la démocratie gabonaise. « Puisque l’histoire retiendra que c’est sous votre conduite qu’une certaine opposition est allée « vendre le pays » un 23 février 2023 contre le bénéfice très personnel de monsieur Ali Bongo Ondimba, de son fils Noureddin Bongo Valentin et de leur légion étrangère… Je voudrais par la présente vous exprimer, non pas la déception, mais le dégoût que vos actes inspirent aujourd’hui auprès d’une majorité de nos Compatriotes », a fustigé Étienne Francky Meba Ondo, vice-président de REAGIR, un parti de l’opposition et membre de la plateforme Alternance 2023.
De la forfaiture et de la trahison pour l’Union nation
Dans cette même logique, Minault Maxime Zima-Ebeyard, le député de l’Union nationale (UN) et Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, vice-président de l’UN ne voient en ces conclusions que l’aboutissement d’une forfaiture bien orchestrée, une trahison de la plus haute espèce dont les résultats étaient prévisibles. « On connaît la technique : Monter les enchères avec une demande excessive, l’élection du PR par le Parlement alors que le vrai objectif c’est le retour à l’élection à un tour (même si le Pouvoir ne se priverait pas d’avoir les 2).
Ensuite déclarer que, grâce à la dynamique présence de la courageuse et « responsable » opposition, qui a travaillé jusqu’à 4h du matin, le Pouvoir n’a pas pu faire passer son ignoble proposition d’une élection du PR par le Parlement. Comme ça tout le monde sauve sa face », va-t-il posté le député de l’Union nationale, en réaction sur ses réseaux sociaux.
Quant à Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, son post était laconique et somme toute ironique. « Gabon : Nous étions au bord du précipice. Ce 23 février 2023, nous avons fait un grand pas en avant », a-t-il publié sur sa page Facebook.
Au regard de la vive polémique observée, ces assises ne semblent pas avoir atteint l’objectif visé par la classe politique gabonaise. En tout cas, la tendance est telle que les lendemains électoraux apaisés sont loin d’être à nos portes.
Le peuple n’a plus retrouvé dans les conclusions, la volonté de bien faire les choses manifestée par le chef de l’État dès l’ouverture des assises. Les conclusions auraient même rendu les perspectives de ces échéances électorales à venir plus difficiles et radicaliser les tensions.
« Les troubles électoraux sont provoqués par le manque de transparence et de sincérité des scrutins. Honte à cette opposition, honte à Akouré Davin et Mayila qui ont accepté de participer à cette mascarade pour permettre à Ali Bongo de se faire élire par une minorité en plus de la fraude comme en 2016 et 2009. Akouré Davin vient d’enterrer le peu de crédibilité qu’il avait. Bravo à l’UN de Paulette Missambo et le RPM de Chambrier. Nous comptons sur vous. Dieu est vivant. Même si le voleur réussit sa forfaiture 99 fois, la 100ième fois sera toujours sa limité. Ce mal des pédégistes aura une fin », a réagi un compatriote en commentaire sur Gabonreview.
A moins de 7 mois des élections générales au Gabon, peut-on espérer que la classe politique parviendra à trouver une solution pour des lendemains électoraux apaisés ?