Alors que les populations peinent à se loger convenablement, se déplacer confortablement et se nourrir décemment, l’exécutif vient de se doter d’un nouveau bâtiment ultra moderne. Bâti sur les ruines de la Banque Gabonaise de Développement (BGD), une entité qui avait pour mission « d’apporter son concours financier ou technique, à la réalisation de tout projet de nature à promouvoir le développement économique et social du Gabon », ce nouvel édifice symbolise, à lui tout seul, l’absence de priorité et le manque d’engagement du gouvernement vis à vis des populations. Explications.
Dans l’incapacité de financer la construction d’écoles pour le plus grand nombre, de logements décents, de routes de qualité ou même celle d’une seule nouvelle université pour désengorger la seule et unique que compte la capitale gabonaise, l’exécutif semble pourtant proactif en ce qui concerne la modernisation de son parc immobilier. Loin des priorités du moment, celui-ci vient de doter la Direction générale de la comptabilité publique et du trésor du Gabon (DGCPT), d’un bâtiment ultra moderne à l’image de celui dédié à la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC) inauguré récemment.
En effet, symbole à la fois du faste de l’exécutif gabonais, de son absence de priorité et même de sa mal gouvernance puisque ledit bâtiment est érigé sur les ruines de la Banque Gabonaise de Développement (BGD), un organe coulé de main de maître par ces dérives financières tant décriées depuis des décennies, ce nouveau bâtiment impressionne et cristallise l’opinion publique. Il faut dire qu’avec une inflation galopante couplée à une crise de consommation qui perdure, ce « Golden Building » interroge quant à sa nécessité dans l’état actuel des choses.
Présenté par certains comme un symbole de « l’émergence que souhaitait le chef de l’État », la rénovation de ce nouveau bâtiment, qui à l’approche des prochaines échéances électorales devrait s’accompagner de quelques autres, pour tenter de masquer une réalité qui veut que seulement seuls 11% des investissements budgétisés entre 2015 et 2017 ont été consacrés en moyenne à la santé, à l’éducation et à l’emploi, 8% à l’eau et à l’assainissement, pour à peine 0,5% du budget d’investissement public consacré au secteur du logement contre une moyenne de 10,2% allouée à la construction de stades, inquiète donc quant à l’avenir du pays.
Alors que plusieurs artères de la capitale restent encore, en 2022, jonchées de détritus en plus de nids de poule à n’en plus finir, l’exécutif fait donc le choix du luxe et de l’ostentation en privilégiant la modernisation et la réhabilitation de ces administrations. Celles-là même qui peinent à assurer un minimum de qualité de service. A noter que dans le même temps, près de 6 milliards de fcfa ont été alloués à la réhabilitation d’établissements et universités publics, mais hélas, n+1 après cette allocation, aucune « Golden University » ou « Golden High-School » n’a vu le jour.