Officialisée trois mois après les assises nationales consacrées à la lutte contre la vie chère organisées à Libreville sous l’impulsion du Premier ministre Alain Claude Bilie-By-Nze, la nouvelle mercuriale des prix peine à convaincre l’opinion. Issue d’un nouveau protocole d’accord signé le 6 juillet dernier entre le gouvernement et les opérateurs économiques intervenant dans la chaîne des prix, cette nouvelle mercuriale semble bien plus renforcer la toute puissance des distributeurs agro-alimentaires sur le gouvernement et au détriment des populations, que la capacité du gouvernement à renforcer notre souveraineté alimentaire.
Fixant le prix plafond aux stades gros, demi-gros et détails de 67 produits alimentaires importés au Gabon, contre 48 inscrits dans l’ancienne mercuriale du 15 septembre 2022, la nouvelle mercuriale des prix censé « apporter une gamme de produits beaucoup plus élargie, notamment dans les catégories de la viande, la volaille, le poisson et le riz », comme indiqué par le ministère de l’Économie et de la Relance, peine à faire l’unanimité. Et pour cause, loin de réduire durablement les prix de certaines denrées de premières nécessité, cette nouvelle mercuriale renforce un peu plus la toute puissance des opérateurs économiques sur un Etat dont le numéro un, promettait pourtant en 2016 « l’aménagement de surfaces agricoles et la mise en place d’infrastructures de soutien à l’agriculture ».
En effet, bien que présentée comme « une réponse » apportée aux préoccupations des populations dans ce contexte d’inflation galopante, la nouvelle mercuriale ne correspond pas aux attentes étant donné que certains produits notamment le riz et les produits laitiers n’ont pas connu de réelles baisses sur les rayons, alors même qu’ils sont de premières nécessités. Toute chose qui devrait à la fois creuser un peu plus le panier de la ménagère et surtout renforcer le niveau actuel d’importations de produits alimentaires de plus d’un milliard de fcfa par jour, pour plus de 400 milliards de fcfa par an.
Renforçant de facto le niveau d’endettement du pays qui à l’heure actuelle se situe à plus de 7000 milliards de fcfa compte tenu du fait que 700 milliards de fcfa investis pour « mener à bien le programme GRAINE » n’ont pas atteint leur objectif et qu’il faudra donc les rembourser à terme d’une manière ou d’une autre, cette situation devrait également creuser un peu plus le fossé entre les plus nantis et plus pauvres si l’on tient compte du nombre croissant de taxes dont doivent s’acquitter les ménages gabonais. Des taxes qui du reste, ne permettent aucunement d’améliorer les services aux usagers.
Pour un pays dont l’ambition portée par son numéro un dès son arrivée à la magistrature suprême était de « bâtir une agriculture, une pêche et une aquaculture modernes, garantissant notre sécurité alimentaire », le constat d’échec est criard voire même alarmant quand on sait les moyens colossaux qu’il avait à sa disposition. Pour l’heure, les populations gabonaises, qui n’ont d’autres choix que de s’arrimer à ses montagnes russes que font les prix des denrées alimentaires, devront faire avec une inflation qui réduit chaque jour un peu plus leur niveau d’épargne.