samedi, avril 27, 2024
More

    Janis Otsiemi appelle Sylvia Bongo, à exhorter le président de la République « à ne pas se présenter à la présidentielle 2023 »

    les plus consultés

    Dans une lettre ouverte dont Insider News241 a reçu copie, Janis Otsiemi appelle « à la conscience, au cœur de mère de famille aimante et dévouée de la Première Dame Sylvia Bongo Ondimba, afin d’exhorter le président de la République à ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2023 ». Une deuxième lettre ouverte qui intervient deux semaines après celle adressée au Chef de l’État lui-même le 20 octobre dernier. L’auteur de  « Tous les chemins mènent à l’autre », « La vie est un sale boulot » et « Les voleurs de sexe », entre autres, espère être entendu. Nous publions intégralement ladite lettre ouverte.

    « Libreville, le 30 octobre 2022

    Lettre ouverte à Mme Sylvia Bongo Ondimba, 

    Première dame du Gabon,

    La Sablière,

    Libreville

    Madame la Première Dame,

    Je me permets de vous adresser cette lettre ouverte par la voie des médias et des réseaux sociaux pour vous interpeller sur une situation qui engage le destin de notre pays.

    En tant que Première dame, je le conçois, vous ne jouez aucun rôle constitutionnellement car vous ne disposez d’aucun statut défini par des règlements ou des lois du Gabon.

    On pourrait croire que votre fonction ne consiste qu’à jouer à la Première dame d’apparat, assignée à accompagner le président de la République dans ses voyages officiels à l’intérieur du pays comme à l’étranger.

    On pourrait croire que votre fonction consiste à jouer à la « potiche » selon l’expression consacrée, assignée aux œuvres caritatives dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la culture, de la protection de l’enfance ou de la veuve comme vous le faites à travers la fondation qui porte votre nom. Mais c’est une image d’Epinal. 

    En réalité, vous occupez un véritable rôle politique auprès du président de la République, vous en êtes sans nul doute l’une des meilleures portes d’entrée. Même si vous n’avez rien d’une « faiseuse de roi » ou d’une « imminence grise », beaucoup d’hommes et de femmes qui travaillent auprès du président de la République vous doivent votre coup de pouce. C’est un secret de polichinelle. On ne peut pas être Première dame et ne pas faire de la politique.

    En tant qu’épouse du président de la République, vous êtes sa meilleure confidente, vous avez sa confiance et son oreille car vous partagez au quotidien sa vie intime et privée.

    En 2016, le président Ali Bongo Ondimba a été réélu à la tête de notre pays pour un mandat de sept ans qui arrive bientôt à son terme. Dans quelques mois, les Gabonais seront donc appelés à nouveau aux urnes pour choisir leur prochain président de la République. Plusieurs proches du président de la République ainsi que les militants du Parti Démocratique gabonais (PDG) l’appellent à se présenter à sa propre succession aux élections présidentielles de 2023. Comme vous le savez, la Constitution l’autorise à solliciter un nouveau mandat s’il le souhaite.

    En octobre 2018, le président de la République a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Au nom des valeurs familiales qui sont les vôtres et que vous savez ardemment défendre, vous avez su préserver son image et sa dignité en contrôlant la communication autour de son état de santé, reléguant parfois la parole gouvernementale aux orties.

    En démocratie, les citoyens ont le droit de savoir si le président de la République qu’ils ont élu a encore les capacités physique et intellectuelles pour assumer ses fonctions. Or les images que nous avons vues du président de la République vacillant sur le perron de l’Elysée lors de sa réception par le président français, Emmanuel Macron, nous ont choqué.

    Qui mieux que vous connaît l’état de santé réel du chef de l’Etat ? Comment une Première dame qui a un cœur fait de chair et de sang – et non de pierre – peut-elle accepter que le Chef d’Etat d’une nation libre soit exhibé comme un pantin désarticulé à la face du monde ? Comment une épouse peut-elle accepter que son époux soit l’otage des intérêts personnels d’un clan au mépris de la dignité humaine ?

    La fonction de président de la République n’est pas un métier qu’on exerce en attendant l’âge légal de départ à la retraite. Elle exige une présence continue et une certaine dignité. Elle n’a rien à voir avec celle d’un « parrain de la Mafia » qui tenterait de maintenir son clan dans le Milieu.

    Madame la Première dame,

    Les promesses que le président de la République n’a pas pu tenir en 13 ans, comment pourrait-il les réaliser en 7 ans ? Il incarne aujourd’hui aux yeux de ses compatriotes le symbole des lendemains sans horizon, l’impuissance des pouvoirs publics à résoudre leurs besoins les plus élémentaires.

    Mon seul mérite – d’aucuns parleront de courage – est de vous exprimer avec les mots qui sont les miens ce que beaucoup de Gabonais pensent plus ou moins bas, ce que la majorité murmure dans les mapanes.

    Les courtisans qui vous entourent vous tressent des lauriers, vous chantent des louanges dans le souci de garder leur place, en se dressant comme un rempart, vous empêchant ainsi d’entendre la clameur rageuse du peuple qui monte comme des fumerolles.

    J’en appelle donc à votre conscience, à votre cœur de mère de famille aimante et dévouée. Je vous prie d’exhorter le président de la République à ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2023.

    Tout en espérant que vous soyez la fidèle interprète de vos concitoyens et concitoyennes auprès du président de la République, Chef de l’Etat,

    Je vous prie de croire, Madame la Première dame, en l’assurance de ma profonde considération. »

    Janis OTSIEMI

    Ecrivain

    Dans la même catégorie

    Laisser un commentaire

    0 Commentaires
    Commentaires en ligne
    Afficher tous les commentaires

    Derniers articles

    0
    Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x