Présent ce mardi 28 juin face aux Gabonais pour une allocution dont lui seul a le secret, le président de la République Ali Bongo Ondimba s’est fendu d’un discours à milles lieux de la réalité et du quotidien de ses concitoyens. Faisant tour à tour l’apologie du Commonwealth et de l’adhésion du Gabon dans cette organisation, qui selon lui est une « reconnaissance que notre pays, quoi qu’en disent les mauvaises langues, est un pays qui progresse », le numéro un gabonais s’est surtout fendu d’une assertion pour le moins surprenante en ardant que le Gabon était « plus juste sur le plan social. Plus ouvert sur le plan sociétal ». En totale inadéquation avec la réalité.
L’adhésion du Gabon au Commonwealth a-t-elle gommé les insuffisances voire les tares des gouvernements successifs, incapables d’améliorer le quotidien des populations gabonaises? Ou a-t-elle simplement renforcé le sentiment de déconnexion de la réalité de l’Exécutif ? Telles sont les interrogations suscitées par le discours prononcé ce mardi devant les deux millions de gabonais par leur numéro un. Il faut dire qu’en plus d’avoir semblé loin de la réalité, Ali Bongo a dépeint un environnement abstrait.
En effet, au terme d’un cours sur le Commonwealth que le Gabon vient d’intégrer (le 25 juin 2022) au même titre que le Togo, le chef de l’Etat a évoqué la situation sociale du pays. Une situation qu’il juge adéquate puisqu’il s’est fendu d’une assertion pour le moins surprenante, en évoquant notamment « un pays qui progresse dans la bonne direction. Qui est chaque jour plus solide sur le plan économique. Plus juste sur le plan social. Plus ouvert sur le plan sociétal ». Or, dans les faits, c’est quasiment l’inverse. Inflation galopante, dette abyssale pour des résultats mitigés, fracture sociale.
Loin d’être plus solide sur le plan économique en dépit de la hausse des prix des produits de base de ces dernières semaines du fait d’une mal gouvernance et d’une corruption endémique. Loin d’être plus juste sur le plan social avec une aggravation des inégalités et surtout de l’écart entre les plus nantis et les pauvres. Loin d’être plus juste en termes de redistribution des richesses. Le pays vit donc dans un contexte loin de celui décrit par le président. Comme un symbole, lors de sa tournée dans la ville il y a quelques semaines, les populations avaient appelé à l’aide à travers des mots simples: « Mr le Président on a faim ».