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    Télesphore Obame Ngomo : « A mon frère Brice Laccruche Alihanga… »

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    Dans une tribune publiée sur sa page Facebook intitulée « Le débat de Missélé eba’a », le président de l’Organisation patronale des médias (Opam), Télesphore Obame Ngomo adresse une lettre ouverte à l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba, Brice Laccruche Alihanga. Nous publions intégralement ladite tribune. Lecture.

    « Mon frère, 

    Ce 03 décembre 2022, cela fait 3 ans que tu te retrouves privé de liberté pour des chefs d’accusation plus boiteux, les uns que les autres. 

    Au départ, c’était une affaire de détournements des deniers publics. Pour te jeter en prison, tes bourreaux ont mis en place l’opération Scorpion qui est d’ailleurs morte juste après ton incarcération.

    Les arguments pour justifier ton emprisonnement étaient des plus tordus, totalement invraisemblables. C’est pourquoi la mayonnaise n’a jamais pu prendre. Les gens de bonnes mœurs, nous en étions convaincus dès le départ. 

    Trop de fiction, trop de mensonges, trop d’incohérences. Dans ta position de directeur de cabinet du président de la République, il était difficile pour tes bourreaux d’insister sur le chapitre détournements de fonds publics, tant il y a toujours à boire et à manger pour les journalistes et leurs adversaires.

    Le temps qui passait devenait dangereux pour tes anciens alliés car la loi est claire en matière de détention. Donc il fallait très vite te juger pour que ta détention soit « toujours légale ». Un matin, tes bourreaux nous sortent une affaire d’acte de naissance frauduleux. Sans commentaire. On a tous compris que le piège a commencé à se refermer sur eux. 

    Combien de Gabonais seraient jetés en prison s’il fallait ouvrir ce chapitre de faux actes de naissance ou de faux diplômes et autres ?  Des jurisprudences de cette nature sont mortelles pour l’avenir de notre pays. Et dire qu’Omar Bongo, au crépuscule de sa vie a insisté auprès de ses disciples politiques sur l’amour du Gabon : « Nous croyons en Dieu, pensons à notre pays ».

    Brice Laccruche Alihanga, entouré de membres du gouvernement et hauts responsables de l’administration gabonaise.

    De par ce changement de chef d’accusation, l’opinion publique a bien compris que remuer la question des détournements revenait à revivre une autre affaire Elf, plus mortelle car, la sagesse d’Omar Bongo, de Sassou-Nguesso et bien d’autres acteurs mêlés à ce scandale n’allait pas être au rendez-vous.

    Aussi, à ce niveau de la situation, on ne peut que se demander qu’est-ce qui a bien pu se passer entre toi et tes anciens alliés devenus aujourd’hui tes bourreaux ? Quelle faute as-tu pu commettre au point de susciter autant de haine, de colère, de rancœur de ceux dont tu étais devenu, tantôt le bras armé, tantôt le messager intime ?  Qu’as-tu posé comme actes qui justifierait le silence de quasiment tous les cercles du pouvoir ? 

    La Chambre du milieu n’existerait plus ? N’es-tu plus leur bien aimé frère ? Quel parjure te poursuivrait? Quel fétiche aurais-tu déterré avec pour conséquence la chute du pouvoir ? Quel secret n’as-tu pas respecté ? Quelle loi de la nature tu n’aurais pas respecté ? Qui as-tu abusé ? Toutes ces questions permettront de comprendre le silence qui règne. 

    Sauf si c’est la sagesse qui aurait foutu le camp dans notre pays au point où, pas une seule voix autorisée ne trouve les mots justes et parfaits pour solliciter la clémence ou l’indulgence du président de la République ?  

    Mon frère, 

    Nombreux des gabonais se posent cette question : qu’as-tu fait qui nécessite ton isolement à la prison centrale de Libreville ?  De mémoire des différents témoignages, même sous le parti unique au Gabon, aucun prisonnier politique n’a passé 3 ans de détention dans ces conditions inhumaines et inimaginables dans un pays abondant de francs-maçons au kilomètre carré. Qu’as-tu fait mon frère?  Tu paies le prix de quelle faute ? De quelle nature ou degré fut ta « trahison » ou ta transgression ? 

    « Le Gabon étant une maison de verres, ça se saura, tôt ou tard. Et attention au revers de la médaille ou aux fruits à récolter dans l’avenir. »

    Quand on est une force de la nature, il y a parfois des épreuves dures, incompréhensibles mais surmontables qu’on croise sur son chemin. C’est ton cas actuellement. La Bible le dit mieux que moi : « Dieu ne peut permettre qu’on soit mis à l’épreuve au-delà de nos forces ». Il sait que tu as de la ressource. Alors tiens bon. Toi tu as été incarcéré avec l’utilisation de la force publique. D’autres se sont enfermés eux-mêmes. Il n’y a pas pire prison que sa conscience. 

    Ne plus voir ceux qu’on aime, ses enfants, sa mère qui a subi un double AVC, son père qui est devenu sourd à tout appel, ses frères, ses sœurs et ses amis, ne doit pas être une chose facile. Mais quand on est victime d’une injustice aussi criarde, d’abord on épouse l’étiquette de victime, ce qui est bien pour l’avenir, mieux on vit dans l’espérance. Que de forces suscitées. 

    De cette épreuve difficile qui ne sera pas éternelle, il faut tirer le maximum d’enseignements sur la politique, le pouvoir et les rapports à l’Homme.

    Autrement dit, comment faire la politique avec plus de noblesse et de sagesse. Comment servir le pouvoir en plaçant toujours la République au cœur de toute initiative ? C’est la garantie d’une survie plaisante. Comment gérer les hommes en sachant séparer le vrai du faux et le bon du mauvais. Il faut savoir en politique différencier le sage du courtisan. 

    Mon frère, 

    Dans l’univers politique, généralement, les abeilles suivent le miel et non l’arbre qui le porte. Tu étais l’arbre sur lequel ils avaient posé « leur » miel. C’est en cela qu’ils ne peuvent se dissocier de ce dont ils t’accusent. Tu comprends alors le changement risible du chef d’accusation. 

    Nombreux de ceux qui te ciraient les pompes, les photos de ta fameuse tournée font foi, ont fait allégeance au miel frais en attendant qu’une autre ruche émerge. C’est leur nature. Ils manquent de dignité et de personnalité. 

    Beaucoup ont aimé le directeur de cabinet quand nous nous continuons d’aimer Brice Laccruche Alihanga, l’enfant d’Eyouga et le petit blanc d’Okala. Malgré les menaces et les persécutions, nous portons dans nos cœurs le Brice Laccruche Alihanga qui sait faire rire, qui sait se sacrifier pour les autres et qui sait être humain.

    Quand tu étais directeur de cabinet du président de la République, nos avis de poil à gratter étaient souvent mal perçus. Mais c’était la réflexion froide de gens qui ne voulaient pas la chute de leur frère. Et c’est pourquoi, fidèles à nos convictions, nous venons te dire sur la place publique que nous t’aimons. Même pas la mort empêchera cela. 

    Dans le cœur de nombreux gabonais, tu as semé tellement de choses positives que la justice spirituelle n’a pas d’autres choix que te les rendre. Cela est déjà en cours. Tu es et resteras dans le cœur des milliers de Gabonais. Ce n’est certainement pas facile en prison mais ne cesse de porter dans tes prières tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à ton incarcération. Ils ne savent pas ce qu’ils font. 

    Que Dieu continue de veiller sur toi. Prie pour ta mère fragilisée par ce double AVC et pour tes enfants à qui tu dois grandement manquer. Ne développe aucune haine et aucune rancœur, c’est la pire des prisons. Tu ne vas quand même pas décider de passer toute ta vie en prison ? Prends soin de toi. A très bientôt.

    Ton frère Télesphore Obame Ngomo »

    Télesphore Obame Ngomo 

    Président de l’OPAM 

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