La tropicale Amissa Bongo est la plus prestigieuse compétition de cyclisme jamais organisée par les autorités gabonaises. C’est à la limite, le plus grand rendez-vous sportif à rayonnement international organisé en Afrique centrale.
Pour ces organisateurs, en l’occurrence le feu président Omar Bongo Ondimba, cette compétition devait faire briller le cyclisme local et participer au rayonnement du pays hors de ses frontières. Seulement, en 16 ans d’existence, la participation des cyclistes gabonais ne semble se résumer qu’à suivre une simple logique de figuration et non d’atteindre ces nobles ambitions.
Sinon comment comprendre que ces derniers n’aient jamais remporté la moindre étape et ne se sont même jamais retrouvés dans le top 50 du classement depuis 16 ans ? En tout cas pour s’en convaincre, il suffit d’avoir sous les yeux les résultats du classement de cette 16ème édition lancée depuis le 23 janvier 2023 à Bitam.
A le voir, on n’a le sentiment que l’avantage du terrain ne sert à rien. Au lieu de leur permettre d’avoir une longueur d’avance sur les autres coureurs venus d’ailleurs, ils sont de toute évidence toujours à la traîne. Leur présence dans la course est étrangement égale à leur absence. Dans tous les cas, ils ne gagnent rien et ne font même pas vibrer le public qui s’amasse tout le long du parcours pour les soutenir malgré leurs antécédents sportifs chaque année.
Le meilleur Gabonais à l’issue des deux premières étapes, Morvan Moulengui a fini à la 71e place devant ses collègues Mba Tounkara, Real Ndzadou, Charles Anguilet et Geoffroy Ngandamba qui se disputent le bas du classement. Ils sont respectivement 76e, 78e et 79e. Deux Gabonais ont déjà abandonné la course, selon nos confrères de Gabonreview.
Dès résultats à l’image des maux du cyclisme gabonais
Ce qu’il faut tout de même dire c’est que ces résultats ne tombent pas du ciel et ne sauraient encore moins être le résultat de quelques incongruités qui émergeraient d’une préparation bien faite. La vérité est qu’ils sont le fruit des impréparations et des maux qui minent la fédération gabonaise de cyclisme.
Déjà, entre les éditions de la compétition, les athlètes sont généralement à la traîne. Les stages de familiarisation avec les tracés sur lesquels la compétition est généralement organisée sont très peu organisés, sinon inexistants.
Pour preuve, les cyclistes gabonais sont sans compétition depuis 2 ans et sans aucune participation à des compétitions continentales la saison écoulée. Une situation assez difficile dans laquelle il n’est tout simplement pas possible pour eux d’entretenir le rêve.
Le pire dans cette affaire, c’est que le pays investit beaucoup d’argent pour les billets d’avion et l’hôtellerie, lorsqu’il faut préparer les cyclistes à quelques mois de chaque édition de la course, mais rien sur l’essentiel : c’est-à-dire, sur les vélos. Que vont faire des cyclistes gabonais en Espagne quand on sait que le climat de ce pays est tout sauf tropicale ?
Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, l’ensemble des cyclistes gabonais dénonçaient le fait qu’ils étaient abandonnés pendant leur mise au vert sans « trousse de secours » ni vélos adéquats.
« En ce moment, l’objectif est de terminer la course dans les temps. On donne tout ce qu’on peut donner. Sans vous mentir, on n’a rien dans les jambes et pour clôturer le tout, les vélos sont en piteux état. Là, c’est juste le moral qui travaille. Les pros quand ils chutent ils prennent des barres énergétiques et ça remonte un peu. Vous voyez qu’au bout de 40 km de l’arrivée, les équipes pros et équipes africaines prennent du gel pour se remonter. Nous, on n’en a pas », a confié Glenn Morvan Moulengui à nos confrères de Gabonreview.
Que dire ? Pour le cyclisme gabonais, il semblerait que « L’essentiel, c’est de participer« , aux frais du contribuable gabonais.