Instituée par la loi des finances 2019 et entrée en application le 1er juillet de la même année, la contribution à la collecte des ordures ménagères peine à être efficace malgré le montant colossal qu’elle génère. Fixée à 7% pour « toutes les personnes physiques ou morales disposant d’un contrat d’abonnement d’électricité », cette taxe qui a généré en à peine trois ans plus de 22 milliards de fcfa, semble pour l’heure servir à autre chose qu’au ramassage et au traitement des déchets, si on se fie à l’état d’insalubrité du Grand Libreville et ses environs.
Mal entretenue et croulant sous des monticules d’ordures, Libreville, la capitale gabonaise ressemble de moins en moins à l’épicentre d’un champion de la protection de l’environnement. Malgré les moyens colossaux dont dispose le gouvernement pour la mise en oeuvre d’un plan anti-déchets, les nombreux moyens actuels de traitement, de recyclage, de revalorisation, et surtout la manne financière supplémentaire que représente la contribution à la collecte des ordures ménagères et ses 22 milliards de fcfa prélevés en trois ans, ce même gouvernement est à la rue dans ce domaine.
En effet, véritable équation insoluble, l’insalubrité du Grand Libreville, stigmatisée par la décharge à ciel ouvert de Mindoubé, située à quelques encablures du centre-ville et du nouveau centre des affaires d’Owendo (qui vient d’ailleurs de se doter d’une nouvelle décharge sauvage en pleine mangrove), suscite indignation et colère chez les populations. Contraintes de payer une taxe forfaitaire qui au demeurant réduit leurs consommations d’électricité dans un contexte de hausse des coûts de celle-ci, ces populations crient au scandale.
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Incomprises d’un gouvernement qui, comme à son habitude, fait la sourde oreille face aux réelles revendications de ceux qu’il est censé servir, ces populations tentent par tous les moyens de se faire entendre à l’image des banderoles contre la « nouvelle décharge d’Alenakiri ». Dans un pays où l’exécutif n’hésite aucunement à jouir des revenus pétroliers et miniers par l’achat de véhicules grands luxes ou encore des travaux de rénovation d’immeuble à 400 millions de fcfa, difficile de comprendre un tel état d’insalubrité.
Champion de la protection de l’environnement et du changement climatique, promoteur de la bonne gouvernance environnementale, artisan des théories d’amélioration des conditions de vie des populations, le gouvernement gabonais, dont les membres et leurs suites coûtent pas moins de 2,6 milliards de fcfa à l’année, dont plus de 500 millions en salaires et autres avantages pour la seule cheffe du gouvernement, semble donc avoir choisi ses combats au grand dam de populations dont la mise en danger est avérée.