A l’heure où les membres du gouvernement entendent construire « une loi de finances de sincérité budgétaire qui traduit la réalité, en y mettant toutes les dépenses de l’Etat » comme annoncé par Mays Mouissi, actuel ministre de l’Economie et des Participations, les dérives révélées par la taskforce sur les dettes intérieure et extérieure interpellent quant aux mesures qui seront prises à moyen terme. Et pour cause, avec des opérations d’audit, de contrôle et de vérifications, qui ont permis de révéler des scandales financiers à grande échelle, la question des réformes de certaines entités dédiées à la dépense, se pose fortement.
60 jours. A peine 60 jours ont suffit à Pierre Duro et ses équipes de la taskforce sur les dettes intérieures et extérieures, pour déceler la présence d’un vaste réseau de détournements, de malversations et de fraudes en tous genres au sein de l’administration. Mêlant le Trésor public, la Direction générale du budget, la Direction générale des marchés publics ou encore celle des Impôts, ces malversations coûtent chères à la crédibilité de l’Etat gabonais.
En effet, comment comprendre qu’une entité comme SOWAF, qui en 2013 avait signé un contrat de plus de 6 milliards de fcfa avec le Conseil départemental de Ndougou pour un projet réalisé à ce jour à 15%, ait encore pu bénéficier d’un marché avec l’Etat gabonais d’un montant de près de 5,8 milliards de fcfa? Comment s’expliquer qu’une entreprise comme Orient Green Construction au capital de seulement 2 millions de fcfa, ait pu obtenir un marché de près de 17 milliards de fcfa?
Mieux encore, qu’est-ce qui peut bien expliquer le fait que l’Unité de coordination des études et des travaux (UCET), entité rattachée au ministère des Travaux Publics (TP) sollicite l’expertise d’un cabinet malien (CIRA MALI) dans le cadre du Plan Complet de Relogement (PCR) Bikélé, alors que le ministère des TP est censé disposer à minima d’experts locaux dans ce domaine? Autant de questions sans réponses, mais qui témoignent de la faiblesse de l’administration centrale dont les agents coûtent pourtant plus de 690 milliards de fcfa à l’Etat.
Justifiant le fait que le Gabon dispose de l’une des pires administrations du continent et du monde en terme d’efficacité, de transparence notamment dans la gestion des marchés publics, et en matière de dispositif de lutte contre la corruption comme révélé par la fondation Mo Ibrahim cette année, ces dérives qui ont occasionné le passage de la dette intérieure de 57 milliards de fcfa en 2012 à 2607 milliards de fcfa en 2022, doivent impérativement être limitées. Une nécessité pour la survie même de l’Etat gabonais.