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    Geoffroy Foumboula : « non, le Gabon n’a pas besoin d’une université numérique mais de la mise aux normes des universités existantes »

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    Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, Ambassadeur Leadership Jeunesse et président de l’ONG Educaf a adressé une lettre ouverte au ministre de l’Enseignement supérieur ce vendredi 14 octobre 2022, suite à la décision du Conseil des ministres du 13 octobre. L’acteur de la société civile estime que le Gabon n’a pas besoin d’une université numérique en ce moment, mais de la mise aux normes des universités existantes, notamment l’université Omar Bongo, l’université des Sciences de la Santé et l’université des sciences et techniques de Masuku (USTM). Lecture.

    « Monsieur le Ministre,

    En ma qualité d’acteur de l’Education et du Numérique, j’ai pris connaissance avec beaucoup de surprise du projet de loi portant création d’une Université du Numérique du Gabon. Si l’idée à tout son sens à très long terme, le contexte et encore moins le moment ne sied, quoi que cela fasse beau aux oreilles.

    Monsieur le Ministre, 

    Votre ministère peine à rendre les universités multisectorielles existantes aux normes des textes nationaux et internationaux, mais ambitionne parallèlement de créer une université numérique dans un domaine digital qui échappe totalement au Gabon à ce jour, c’est un paradoxe.

    Pour rappel, au sens de l’article 54 de la loi 21/2011 portant orientation générale de l’Education, de la Formation et de la Recherche :

    Les infrastructures et équipements d’une université sont constitués de :

    • Bâtiments et équipements du rectorat ;

    • Bâtiments et équipements de chaque décanat et département ;

    • Bâtiments et équipements de chaque grande école ;

    • Bâtiments pédagogiques composés d’amphithéâtre, salles de cours, salles de travaux dirigés ;

    • Bâtiments scientifiques composés de laboratoires de recherche et d’ateliers ;

    • Salle polyvalente ;

    • Bâtiments d’une Direction des Œuvres Universitaires et Sociales en abrégé (DOUS) ;

    • Bibliothèque centrale avec salle multimédia à vocation d’université virtuelle ou de campus numérique et d’une mini-imprimerie ;

    • Salles d’informatique ;

    • Laboratoire de langues ;

    • Scolarité centrale ;

    Plateaux sportifs ;

    Infrastructures et équipements destinés au logement et à la restauration des étudiants et des enseignants ;

    Un centre médical.« 

    Monsieur le Ministre, 

    Au regard de ces dispositions, aucune université du Gabon (U.O.B, U.S.T.M, U.S.S) ne répond aux normes nationales et internationales. Logiquement, si l’AGANOR (Agence gabonaise de Normalisation) délivrait des certificats de conformité des universités, elle aurait fermé toutes les universités publiques du Gabon pour non conformité. La mission première de votre Département doit être d’œuvrer à rendre les universités existantes aux normes avant de vouloir en créer de nouvelles.

    Monsieur le Ministre, 

    Votre projet de loi dit créer cette UNIVERSITÉ pour réaliser les missions suivantes :

    1. Développer et vulgariser la digitalisation des enseignements dans le système éducatif ;

    2. Accompagner les établissements d’enseignement supérieur et de recherche  dans le développement des offres de formations en ligne,notamment dans la production des ressources pédagogiques numériques ;

    3. Promouvoir la culture de l’entrepreneuriat et de l’innovation numérique ;

    4. Implanter des espaces numériques ouverts dans les capitales provinciales comme pôles académiques régionaux dédiés à l’enseignement universitaire bimodal, à savoir enseignement en distanciel et en présentiel.

    Monsieur le Ministre, 

    Sans remettre en cause votre compétence ou celle de vos collaborateurs, les missions que vous dédiez à cette université se rapprochent plus de celles d’un programme ou dans une moindre mesure de celles d’une école ou d’un institut, mais pas d’une université. Mon profond regret est de constater que votre Gouvernement ne prend nullement en compte les recommandations des différentes réflexions en la matièr, tout en ne prenant nullement la peine de consulter les acteurs de l’écosystème numérique. Pour développer le numérique au Gabon, notre pays n’a nullement besoin d’une université mais simplement d’une dynamisation de l’écosystème numérique qui est déjà existant et constitués de :

    1. INPTIC (Institut des Postes et Télécommunications), lequel abrite un laboratoire numérique dans le cadre du projet Train My Generation ;

    2. Institut Supérieur de Technologie (IST) basé au sein du pôle de formation professionnelle Basile Ondimba ;

    3. ITO (Institut Technologique d’Owendo), lequel se situe au cours du lycée technique et est approprié pour abriter un FabLab et peut faciliter la transition numérique entre ses laboratoires techniques du Secondaire (LTNOB) et les laboratoire technique du supérieur (I.T.O, INPTIC, IST…) ;

    4. Un Département Communication à l’U.O.B auquel s’ajoute le laboratoire de l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie) tous deux basés au sein de L’UOB ;

    5. Des incubateurs ayant une expertise en la matière (Ogooue-Labs à travers ses Écoles 241, SING, Cyberschool, Entrepreneuriat…) ;

    6. Des Écoles Supérieurs privés existants, comme Digital Business School ;

    7. Des programmes existants, comme eGabon ou futur subséquents,etc…

    8. Œuvrer a créer un Data Center national comme c’est le cas avec le Data Center Diamniadio du Sénégal.

    Ces propositions, je ne cesse de les exprimer, en l’occurrence lors des différentes rencontres dans le domaine et dernièrement lors de mes deux rencontres au sein de la Présidence de la République, avec l’un des conseillers spéciaux du Président vers lequel j’avais été orienté lorsqu’il s’est agit pour moi de condamner le détournement des 2 milliards de Francs CFA emprunter par l’Etat à la Banque Mondiale pour créer les incubateurs de Franceville et Port-Gentil qui n’ont jamais vu le jour, malgré que l’argent ait été mis à la disposition du gouvernement pour les réaliser.

    Nous pouvons avoir des avis divergents, mais pour ma part j’ai toujours su dissocier mes opinions personnelles des actions pouvant aider à bâtir notre pays. Votre collègue du Ministère de l’Intérieur refusant depuis bientôt 10 ans de me délivrer même un récépissé Provisoire de l’ONG que j’ai mise en place en année Master pour contribuer au développement de l’Education, laquelle a été primée en 2015 meilleure ONG jeunesse du Gabon, tout cela parce que les décideurs que vous êtes n’arrivez pas à distinguer vos opinions personnelles des actions nécessaires au développement du pays.

    Une fois encore, à part caser des amis et connaissances dans les organes de cette UNIVERSITÉ, que vous souhaitez créer et ainsi gonfler les dépenses de fonctionnement de l’Etat, cette université n’est nullement nécessaire pour promouvoir l’économie numérique, mais aussi les missions telles que décrites ne cadrent nullement avec celles d’une université mais plutôt de celles d’un programme ou d’une École Supérieure.

    Trouvez ici, ma modeste analyse et mes modestes recommandations. »

    Geoffroy Foumboula Libeka Makosso 

    Président de l’ONG Educaf 

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