mardi, avril 23, 2024
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    Serge Abslow : « quand le plus brillant avocat du diable porte enfin sa toge »

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    Dans un billet quasi-quotidien, Serge Abslow analyse avec beaucoup de sarcasme les faits de société et les évènements qui chamboulent la vie du Gabonais dans son pays. Le billet sarcastique du jour revient sur la polémique suscitée sur les réseaux sociaux par l’ancien secrétaire général de l’UJPDJ, Vivien Patrice Lloyd Amos Makaga Péa. Ce dernier prétendrait ne rien devoir à personne et s’être construit tout seul pour devenir « l’avocat au barreau de Paris ». Lecture.

    « Il y a sans doute beaucoup de mérite à être avocat au barreau de Paris. Mais être un avocat remarqué et reconnu par la profession est une autre paire de manches et c’est une reconnaissance qu’il faut gagner dans la durée. En France comme au Gabon, l’appareil judiciaire fonctionne avec ses normes. Il y a des ténors du barreau, mais il y a aussi tous les autres, ceux qui portent et potassent les dossiers pour ceux qui font autorité dans le métier. 

    Si excellent juriste qu’il a pu être avant de rentrer au Gabon, je ne connaissais pas ce brillantissime jeune homme avant son positionnement (ou devrais-je dire pistonnement) dans le directoire du parti démocratique gabonais. Et je pense ne pas être le seul gabonais à ne l’avoir découvert qu’à la tête de l’UJPDG (Union des jeunes du parti démocratique gabonais), quand il s’y comportait comme un petit parvenu avec pour seules vertus : l’arrogance et la suffisance. 

    La même arrogance et la même suffisance qui transparaissent encore dans son droit de réponse qui circule dans les foras whatsapp et dont le résumé est contenu dans une seule phrase : JE NE DOIS RIEN À PERSONNE. Si on en parlait un peu dans ce pays, de ce que les uns et les autres doivent à certains. Il y aurait beaucoup de gens qui ne pourraient pas défendre qu’ils ne doivent rien à quiconque. 

    Me Vivien Patrice Lloyd Amos Makaga Péa © D.R.

    N’avoir jamais été nommé en Conseil des ministres ne suffit pas à le prouver. Mais n’avoir jamais eu un quelconque job qui soit le seul fait du prince, peut-être. Et avoir dirigé un organe spécialisé du parti au pouvoir sachant que ce parti est presqu’un parti Etat, c’est devoir beaucoup à celui qui vous y a placé. Mieux, avoir cumulé deux fonctions grassement payées, au parti et dans la GOC (Gabon oil company), c’est pas donné à tout le monde. 

    On n’a pas tous cette chance d’avoir pour parent, celui qui nomme à de telles prestigieuses fonctions. Certainement parce que nous n’avons pas les compétences pour faire ces 2 jobs, puisqu’il s’agit visiblement d’inventer la pierre philosophale. J’en ris! Sinon que le donneur de leçons depuis les bords de la Seine, devenu subitement le plus brillant des avocats, nous explique comment il a réussi l’exploit d’avoir un salaire mensuel dans une boîte alors qu’il n’y était que consultant ? 

    Le peu que j’en sâche c’est qu’un consultant est payé à la tâche. Autrement dit, il est rémunéré sur la base d’un travail spécifique qui lui a été commandé pour un temps et un objectif bien déterminés, et dont l’exécution est encadrée par des termes de référence précis. Je serais curieux de connaître la nature des travaux effectués par notre consultant pour la GOC. Où sont les TDR et les livrables qui justifieraient un salaire mensuel de 4,5 millions de fcfa ? 

    Par ailleurs, l’excellent juriste qu’est devenu ce jeune homme aujourd’hui, peut-il nous dire s’il payait effetivement les impôts et taxes sur ses multiples salaires durant son magistère? Ou bien, comme tous les émoluments fixés discrétionnairement par « le patron », salaires intégralement versés à ces privilégiés, sans aucun prélèvement obligatoire, ont contribué depuis des années à creuser le déficit budgetaire qui menace de faillite la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale) ? 

    En plus de ces petites observations amicales, pourquoi le brillant avocat s’est curieusement abstenu de nous donner les preuves de tout ce qu’il affirme. Par exemple la preuve du faramineux salaire qu’il aurait touché au bord du lac Leman avant de débarquer chez les indigènes au bord du Komo? Je dis chiche à toutes ces salades qui transpirent la mauvaise conscience et surtout une horrible envie de vengeance. 

    Parce que du haut de son intégrité retrouvée et désormais fièrement revendiquée, le brillantissime avocat croit-il pouvoir convaincre les Gabonais de n’avoir jamais dîné à la table du roi et de n’avoir pas eu droit à sa part de gâteau? Qu’il ne s’imagine jamais que cet épisode honteux de notre pays durant lequel la république a été abusée, ne sera jamais oublié. Nous les avons vus à l’œuvre, lui et ses amis qu’il dénigre aujourd’hui pour cause d’éjection de la table du seigneur. 

    Comme il est risible de constater que le Gabon qu’il prétendait servir hier avec son UJPDG, lui parait aujourdhui si sale. Qu’il se consacre donc à son métier d’avocat, en espérant que sa nouvelle robe ne soit plus jamais entachée par la défense des causes perdues. Mais qu’il apprenne aussi l’humilité, comme de nombreux autres Gabonais avant lui, qui ont été avocats dans de nombreux barreaux de France, sans que la terre entière en soit tourneboulée. 

    Sarcastiquement vôtre ! »

    Serge Abslow, chroniqueur

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