Dans un contexte politique gabonais marqué par des décennies de turbulences, Jean Valentin Leyama, député de la transition, secrétaire général du parti REARGIR et membre de la Commission économie au Dialogue national inclusif, propose un changement radical de système de gouvernance dans sa récente tribune dans les colonnes de Gabonreview. Sa vision et celle de son parti, profondément ancrée dans les fondements culturels et traditionnels gabonais, questionne le maintien du régime présidentiel, attribut d’un héritage colonial, pour préconiser un modèle gestionnaire plus inclusif et collégial inspiré du « mbandja ».
Symboles culturels et politiques en accords
Le Dialogue national inclusif, qui a débuté le 4 avril dernier, semble être le théâtre d’une redécouverte des traditions ancestrales gabonaises. Cet événement est symbolisé visuellement par la prolifération de représentations culturelles, telles que des statues et des logos illustrant des scènes de « mbandja », où divers acteurs débattent en cercle. Ces manifestations visuelles ne sont pas de simples décorations mais reflètent un désir de retour aux sources, à une méthode de gouvernance plus participative et équilibrée.
Le mbandja : un modèle traditionnel pour de nouveaux défis
Le « mbandja », formule traditionnelle du conseil de sages, représente l’idéal de gouvernance pour Jean Valentin Leyama. Dans ce système, chaque membre de la communauté a droit de parole, et les décisions sont prises sur la base du consensus plutôt que de l’autoritarisme. La structure est dirigée par un chef, choisi pour sa sagesse et sa capacité à unifier, soutenu par des adjoints qui ensemble forment un conseil délibératif.
Des propositions concrètes pour une démocratie renouvelée
Pour transposer l’esprit du « mbandja » au niveau institutionnel, Jean Valentin Leyama suggère l’introduction de la proportionnelle intégrale dans les élections, permettant ainsi à toutes les communautés ethniques et politiques de participer équitablement à la gestion du pays. Il envisage ensuite la création d’un Conseil des Sages national, représentant toutes les 9 provinces du pays, avec une présidence tournante, pour éviter la concentration du pouvoir.
Critique du régime présidentiel et appel au changement
Jean Valentin Leyama critique vigoureusement le régime présidentiel actuel, le qualifiant d’antithétique aux coutumes gabonaises et une source de nombreux fléaux qui ont affligé le Gabon. Il perçoit dans ce système une forme d’autocratie où le pouvoir est centralisé, entravant l’expression démocratique et perpétuant une gestion patrimoniale qui nuit au développement national.
Un tournant nécessaire ?
Si le Dialogue national inclusif se conclut par un maintien du statut quo, Leyama prévoit une désillusion massive. Sa tribune est donc un appel éloquent à une réforme profonde, non seulement pour honorer l’héritage culturel du Gabon, mais pour réellement démocratiser la gouvernance du pays. La proposition de Leyama et de son parti REARGIR, si elle est reconsidérée, pourrait marquer le début d’une nouvelle ère politique au Gabon. Une ère où la tradition et la modernité se fusionnent pour créer un système de gouvernance réellement représentatif et efficace.