Découvert en marge d’une pandémie de Covid-19 qui continuait de progresser en dépit des nombreuses mesures coercitives édictées par le gouvernement, le développement d’un véritable « business » autour de la Covid-19 a été confirmé par les deux rapports autour des questions de la gestion des fonds reçus des partenaires techniques et financiers. Révélant des malversations pour le moins scandaleuses avec des montants dépassant souvent le milliard de fcfa, ce corona business demeure pourtant, jusque-là, sans coupables. Alors même qu’on devrait faire la lumière sur les 30,5 milliards de fcfa dépensés uniquement sur la période de janvier et août 2021.
Accentuant un peu plus à l’époque une pression sociale déjà persistante, une inflation galopante ainsi qu’une corruption « endémique », le « corona business » a battu son plein au Gabon. Si elle a été bien contenue avec 48 972 cas positifs pour 306 décès, cette pandémie a néanmoins causé des dommages bien plus graves à notre économie, enrichissant une toute petite frange et appauvrissant une énorme majorité. Il faut dire que bon nombre de Gabonais ont perdu leurs emplois, certains ont dû mettre la clé de leurs activités sous le paillasson, pendant que d’autres voyaient l’investissement de toute une vie partir en fumée du fait des mesures dites « courageuses et coercitives », prises par le gouvernement au plus fort de la crise entre 2020 et 2022.
Néanmoins, à l’heure du bilan, force est de constater que ce même gouvernement s’en est mis plein les poches grâce à des mécanismes allant de surfacturations à des attributions douteuses de marchés publics, en passant par des plans de résilience aux résultats pour le moins…mitigés. Confirmés par le rapport Deloitte Touche Tohmatsu sur la gestion des fonds covid-19 publié en mai dernier, ces malversations à l’image des 4,7 milliards de fcfa reçus par Gsez pour des masques et autres équipements non livrés en 2020, 922 millions de fcfa en frais de missions et d’hébergements, 1,740 milliard de fcfa en restauration du personnel et des malades sous la supervision du Comité de pilotage de lutte contre la pandémie à coronavirus (Copil Gabon), restent pourtant sans coupables malgré des preuves accablantes.
Confirmant ainsi les propos de Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI) dans une interview accordée à nos confrères du Monde Afrique le 30 octobre 2020, qui avouait que « le coronavirus s’est perdu dans la liste des malheurs de l’Afrique », ce corona business, qui aura en plus fait grimper la facture de la dette publique gabonaise évaluée à plus de 7000 milliards de fcfa, grâce aux nombreux emprunts réalisés sous le prétexte d’une lutte acharnée contre la pandémie, a donc été dévastateur bien plus sur le plan économique que sur le plan sanitaire.
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Accentuant une pression sociale et économique déjà persistante chez des populations de plus en plus paupérisées, et de moins en moins à même à subvenir à leurs besoins (avec une inflation galopante qui ne cesse de réduire le pouvoir d’achat des ménages) notamment les jeunes dont le taux de chômage avoisine les 40%, ce business créée autour du coronavirus qui a laissé place à un tout autre business axée lui, sur le conflit Russo-Ukrainien, laissera des traces. À l’heure où le Gabon évalue son plan d’action dans la lutte contre les flux financiers illicites, difficile de croire à une quelconque volonté de transparence en la matière.