lundi, avril 29, 2024
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    Gabon : le programme GRAINE, symbole de l’échec de l’exécutif en matière de sécurité alimentaire

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    A l’heure où le pays doit naviguer au gré des humeurs des opérateurs économiques concernant les prix des denrées alimentaires, difficile de ne pas jeter un œil dans le rétroviseur et de repenser au programme GRAINE. Fruit d’un PPP entre l’Etat gabonais et le groupe Olam, devenu en quelques années un acteur incontournable de la sphère économique, ce projet lancé en 2014 qui se voulait structurant et surtout qui promettait de « bâtir une agriculture, une pêche et une aquaculture modernes, garantissant notre sécurité alimentaire », s’est révélée comme un échec cuisant engloutissant au passage des sommes folles, qui devront être remboursées. 

    Axe 5 du programme de société d’Ali Bongo Ondimba en 2009, la diversification des sources de croissance et de développement durable s’est jusque-là, avérée être un échec. Censée démarrer la mutation de l’économie gabonaise vers une économie à forte valeur ajoutée, cet « axe stratégique » avec en point d’orgue la création « d’une agriculture, une pêche et une aquaculture modernes, garantissant notre sécurité alimentaire » est avec du recul, un échec cuisant à mettre à l’actif de l’exécutif. Cet exécutif qui en avait d’ailleurs remis une couche promettant d’injecter entre 2017 et 2023, pas moins de 725 milliards de fcfa dans son programme GRAINE. 

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    Issu d’un partenariat public-privé entre l’Etat gabonais et Olam, entité de trading devenue par la force des choses, un conglomérat allant du secteur portuaire, au secteur aéroportuaire en passant les infrastructures et le secteur agricole, ce programme lancé en 2014 comme un ambitieux pari d’une politique agricole nationale, s’est heurté à de nombreux défis structurels. Il faut dire que comme souvent sous le magistère d’Ali Bongo Ondimba, des sujets d’ordre souverain ont été confiés pour leur mise en œuvre, à des entités étrangères n’ayant qu’une connaissance partielle de l’environnement local. 

    « Mis en place dans un contexte défavorable au développement agricole, caractérisé par une petite population rurale (moins de 15% de la population totale), un régime foncier obsolète et précaire, le coût élevé de la main-d’œuvre, le manque d’attractivité des emplois agricoles pour les jeunes et le manque de réseaux d’infrastructures pour la commercialisation et la transformation des produits agricoles », comme le soulignait en 2022 la Banque mondiale faisant l’autopsie de cet échec à plusieurs centaines de milliards de fcfa, ce programme n’a donc pas été en mesure « d’augmenter la contribution du secteur agricole au PIB de 5 à 20%, et encore moins de réduire de 50% les importations de produits agricoles de base ou de réduire l’insécurité alimentaire nationale ». 

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    Jeté aux oubliettes depuis, ce programme, auquel on repense bien évidemment à l’heure où les opérateurs économiques démontrent leur toute puissance face à un gouvernement incapable de trouver des solutions pérennes, symbolise à lui tout seul l’échec de l’exécutif en matière de développement agricole. Si la Société de Transformation Agricole et de Développement Rural (SOTRADER), dirigée par le frère du président Ahmed Bongo Ondimba, continue de bénéficier des faveurs du gouvernement avec quelques milliards de fcfa injectés par an, il n’en demeure pas moins que le pays demeure sous une assistance qui freine son développement inclusif. 

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