Risques macroéconomique avec en toile de fond la faible exécution des dépenses d’investissement. Risques liés au secteur financier et à la dette publique matérialisée par une politique d’endettement incompréhensible. Risques liés à l’exécution budgétaire. En dépit de tous ces risques qu’il a lui-même identifiés, l’Exécutif gabonais s’enlise dans des dérapages conséquents. Dérapages confirmés par les récents rapports sur la gestion des Fonds covid.
Si on ne s’attendait pas à grand-chose en termes d’orthodoxie financière concernant l’utilisation du Fonds spécial de lutte contre la covid-19, l’on était tout de même loin de se douter que de tels dérapages incontrôlés seraient révélés. Il faut dire que dans un contexte de crise et de récession comme ce fut le cas entre 2020 et 2021, le bon sens commandait un minimum de rigueur. Rigueur qui n’a cependant pas été au rendez-vous, comme en témoigne les 3,2 milliards de fcfa décaissés en frais de missions et de transports entre le 31 mars 2020 et le 31 décembre 2021.
En dépit des nombreux risques budgétaires qui planaient et d’ailleurs planent encore sur notre économie et ce, malgré la récente hausse des prix du brut, l’Exécutif ne s’est pas fait prier pour engloutir une soixantaine de milliards de fcfa en moins de 24 mois. C’est ce que révèle l’auditeur indépendant engagé pour auditer les résultats financiers du Fonds spécial de lutte contre la covid-19. Auditeur qui n’a dès lors, pas été en mesure « d’exprimer une opinion favorable » concernant ces comptes du fait de nombreux manquements constatés.
Très attendus par les partenaires techniques et financiers dont le Fonds monétaire international (FMI), principal bailleur du pays depuis 2017 et la signature du premier accord au titre du mécanisme élargi de crédit, ces rapports ont mis un peu plus l’accent sur l’incompétence notoire du gouvernement Rose Christiane Ossouka Raponda dont le discours de politique général promettait pourtant la reprise économique. Une incompétence matérialisée par le fait de confier à Gsez (Gabon Special Economic Zone), la fourniture en bonbonne à oxygène pour plus de 4 milliards de fcfa, alors même que cette entité ne dispose pas de qualifications requises pour ce type de produits.
Si l’on y ajoute « l’incertitude sur l’efficience et le fonctionnement effectif de ces équipements » comme évoqué par le cabinet indépendant en charge de ces audits, il en ressort qu’en plus d’avoir fait preuve d’une totale incohérence dans ses choix, l’Exécutif s’est montré boulimique en termes de dérives financières. Des dérives qui, en plus de remettre en cause l’accord conclu il y a moins d’un an avec le FMI, mettent en péril l’avenir d’une génération déjà abonnée au chômage et à la précarité.