Affublée d’une « mission de service public qui consiste à fournir l’eau et l’électricité aux villes et zones périurbaines de toute l’étendue du territoire national », la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) est à la ramasse. Bien que jouissant d’un monopole dans l’un des secteurs les plus importants du pays, la société dont vient d’hériter Joël Lehmann Sandoungout semble de plus en plus loin du compte, alors que dans le même temps elle n’hésite pas à dégager près d’une cinquantaine de milliards de fcfa pour à peine 2296 agents.
Fuites d’eau entraînant à certains endroits une dégradation des voiries urbaines. Branchements volontairement anarchiques un peu partout dans la capitale. Absence de compteurs pour les usagers alors même que ces derniers ont déjà payé la note. Délestage en tout genre. A bien des égards la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) peine à assurer ses missions, et c’est peu de le dire. Bien que renforcée par la création de Gabon Power Company (GPC), rien n’y fait, les problèmes demeurent.
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En effet, malgré un score flatteur en matière d’accès à l’énergie dans le dernier indice Mo Ibrahim, le Gabon compte encore aujourd’hui plus de 350 000 foyers privés d’électricité, malgré les projets de barrages hydroélectriques lancés il y a bientôt dix ans et qui peinent jusque-là à se réaliser. Une situation qui n’inquiète que peu le top management de la SEEG, qui ne se prive de rien en termes de rémunérations (plus de 47 milliards de fcfa de masse salariale annuelle) en 2022.
Aux mains de l’État gabonais depuis un peu plus de cinq ans et une réquisition musclée, la société dont vient d’hériter Jöel Lehmann Sandougout dont le management à Transurb n’a pas laissé de souvenirs intarissables, est donc à la dérive et en proie à des dysfonctionnements répétés. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le nouveau ministre de l’Energie Jeannot Kalima, a récemment tiré la sonnette d’alarme en indiquant « la SEEG est aujourd’hui en proie à de nombreux dysfonctionnements qui ne lui permettent pas d’atteindre les résultats escomptés ».
En proie à un management instable avec bientôt une dizaine de directeurs généraux qui se seront succédé en moins de six ans, soit un nouveau DG tous les six mois quasiment. En proie à des dérives teintées de corruption. Cette entité aux abois financièrement et qui pourtant n’a pas hésité à décaisser plus de 10 milliards de fcfa pour des projets aux bilans mitigés à l’image de la brigade bleue, gagnerait à être totalement réformée. Un premier pas allant dans ce sens, serait de la scinder en deux entités autonomes, étant donné que le jumelage de ces deux activités (eau et électricité) semble lui peser.