mardi, avril 30, 2024
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    Deux détenus tabassés à la prison centrale de Libreville, selon SOS Prisonniers Gabon 

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    Suite aux tortures qu’auraient subies deux détenus à la prison centrale de Libreville, SOS Prisonniers Gabon a demandé, dans un communiqué, le déferrement des présumés responsables. Un acte inhumain dont l’origine serait la détention de téléphones portables par Nguindjoi Obame Thomas et Nzengue Arnaud, tous deux prisonniers à la prison centrale de Libreville. Nous publions intégralement ledit communiqué. 

    « Actes de tortures présumés sur deux détenus à la prison centrale de Libreville : SOS Prisonniers Gabon demande le déferrement des tortionnaires devant le Procureur de la République et leur radiation des effectifs de la sécurité pénitentiaire 

    Mercredi 10 novembre 2022, SOS Prisonnier Gabon a eu écho d’informations graves à la Prison centrale de Libreville,  SPG s’est donc rendu jeudi matin au niveau du commandement en Chef de la Sécurité Pénitentiaire, nous avons tenté de rencontrer le Commandant en Chef de la Sécurité Pénitentiaire ou son adjoint.  Mais malheureusement les agents présents vont nous dire de laisser notre numéro de téléphone, que le secrétariat va nous téléphoner, nous avons donc laissé le numéro de téléphone et une correspondance adressée au Commandant en Chef. Jeudi après-midi, nous sommes répartis pour tenter à nouveau de rencontrer un responsable de l’administration pénitentiaire. 

    Une fois sur les lieux, nous avons expliqué à  l’agent qui nous a reçu que c’est urgent et qu’on voulait rencontrer le Commandant en chef ou son adjoint pour vérifier une information. Mais l’agent nous dira que ce n’est pas possible, on va même  insister en demandant à l’agent de nous conduire auprès du Secrétariat du Commandant en Chef. Mais il va nous répondre de revenir lundi prochain. Puis on rétorque en disant qu’on ne peut pas attendre lundi prochain vu l’urgence.  C’est ainsi qu’il propose de revenir alors le lendemain matin (vendredi 11 novembre).

    Dès 10h, SPG s’est rendu encore auprès du Commandement en Chef, une fois « au poste de police », nous avons expliqué les raisons notre  présence et que nous étions déjà là hier (jeudi 10 novembre), qu’on nous a demandé de repasser aujourd’hui, l’agent va alors nous demander une pièce d’identité, puis il est « monté ».

    Quelques minutes après, l’agent est revenu pour nous dire que le secrétariat a dit de laisser le  numéro de téléphone. Nous avons alors rebroussé chemin, après avoir laissé le numéro de téléphone pour une seconde fois. Jusqu’à ce jour nous n’avons pas encore reçu de coup de fil, afin d’aller rencontrer les autorités pour avoir leur version des faits. Cependant, vu que l’urgence de SPG ne peut attendre indéfiniment, on est donc contraint de faire un communiqué sur le cas présumé des actes de tortures à l’encontre de deux détenus. 

    Le mardi 8 novembre 2022, les détenus Nguindjoi Obame Thomas et Nzengue Arnaud auraient été

    sommés par des agents de la sécurité pénitentiaire de restituer les téléphones  portables  qu’ils auraient dissimulé dans leur quartier en Prévention A.

    Les deux détenus  auraient déclaré aux agents qu’ils n’avaient pas de téléphones portables . C’est ainsi qu’ils auraient été conduits au couloir du parloir, menottés par le dos, poignets serrés, à tel point qu’ils ne  ressentaient plus leur sang circuler, frappés à l’aide des câbles électriques de couleur noire et des coups de pieds et autres, ils auraient subi ce traitement pendant plusieurs heures. 

    S’agissant de Thomas Obame alias Thomas le Pâtissier, c’est un  ancien Pâtissier à la Présidence de la République. Il est incarcéré à la prison centrale de Libreville depuis 17 ans déjà. De 2016 à 2020, il faisait les corvées (intendant), son rôle était de relever les effectifs de  son quartier en détention pour la distribution de la ration alimentaire aux détenus de son quartier.  Thomas le Pâtissier, préparait également les gâteaux d’anniversaires de certains agents de la sécurité pénitentiaire y compris des  « détenus VIP ».

    La bouche de Thomas obame aurait été même bâillonnée avec un habit,  afin que ses cris de douleur ne puissent pas se faire entendre.

    De ce fait, le surveillant général adjoint serait donc arrivé pour dire à Thomas  de restituer le téléphone caché. Mais, au vu de la constance des déclarations du prisonnier, le lieutenant aurait  ordonné aux agents d’arrêter d’infliger des coups au détenu. C’est ainsi qu’il aurait été reconduit dans son quartier en Prévention A.

    Le lendemain matin, c’est-à-dire mercredi 9 novembre 2022 vers 6h, les mêmes agents seraient revenus à la charge, cette fois-ci, les

    agents lui auraient demandé de leur donner de l’argent, sinon il serait à nouveau torturé.

    Le détenu Nguindjoi Obame Thomas, disant n’avoir ni argent ni téléphone portable, aurait à nouveau subi des sévices d’une extrême gravité avec des dégâts corporels : blessures au cou, aux mains et aux pieds, tendons, mollets enflés. 

    Tout son corps présente des hématomes. 

    Puis il  tente de s’échapper des griffes des tortionnaires, Thomas aurait déclaré aux agents qu’il avait un téléphone portable, les agents seraient donc allés fouiller le bloc de Thomas où il dort, mais rien n’a été trouvé.  Pris de colère,  les agents auraient décidé à nouveau de le ramener pour poursuivre « paisiblement » leurs tortures.    

    Toujours menotté des deux mains par le dos, Thomas Obame se serait mis  à courir vers le bureau du Directeur de la Prison Centrale, en criant « Monsieur le Directeur, monsieur le Directeur, sauvez-moi, on veut me tuer « mais sa course aurait été vite stoppée par un balayage chinois d’un agent de la sécurité pénitentiaire. 

    Quelques personnes, y compris  les détenus qui avaient déjà commencé la corvée, auraient donc alerté le Directeur de  la Prison. 

    Vers 8h00, le Directeur de la prison serait arrivé, estomaqué en voyant  Nguindjoi Obame Thomas très amoché, les lésions de la torture de partout. Le Directeur pris de colère aurait également blâmé les agents. Le détenu est pris en photo, certains agents seraient même très remontés contre leurs collègues tortionnaires . 

    Que dit la loi sur la torture ? 

    Définition de la “Torture”, selon la “Convention contre la torture et autres peines ou traitements

    cruels, inhumains ou dégradants” de l’ONU, ratifiée par le Gabon le 8 septembre 2000 :

    Aux fins de la présente Convention, le terme « torture » désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit, lorsqu’une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. »

    L’article premier alinéa 1 de la Constitution gabonaise dispose : « Nul ne peut être humilié, maltraité ou torturé, même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement. »

    L’article 10 du Pacte international relatif aux droits Civils et Politiques : « Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine. »

    Le Code pénal gabonais en son article

    224 dispose : « Constituent des actes de torture ou de barbarie, la commission d’un ou plusieurs actes inhumains ou dégradants d’une gravité exceptionnelle qui dépassent de simples violences et occasionnent à la victime une douleur ou une souffrance aigüe, avec la volonté de nier en la victime la dignité de la personne humaine ».

    Et selon l’article 224-1 du même Code : « L’auteur de tortures ou d’actes de barbarie est puni de vingt ans de réclusion criminelle et d’une amende de 20.000.000 de francs au plus. »

    Mais ces dispositions sont allègrement

    violées au quotidien. Jusqu’à quand les agents de la sécurité pénitentiaire vont violer la loi sans être inquiétés ?

    De plus, l’état de santé de Nguindjoi Obame Thomas est inquiétant, le médecin de la prison centrale de Libreville, a établi un bon d’examen (radiographie lombaire) et une ordonnance, mais pourquoi depuis mercredi, Thomas Obame n’a pas été conduit dans une structure hospitalière  pour effectuer cet examen ? L’administration pénitentiaire ne veut pas prendre en charge les soins de santé de Thomas ? 

    La Règle 24 de l’Ensemble de règles minima  des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela), prévoit que : « L’État a la responsabilité d’assurer des soins de santé aux détenus, ceux-ci devant recevoir des soins de même qualité que ceux disponibles dans la société et avoir accès aux services nécessaires sans frais et sans discrimination fondée sur leur statut juridique.« 

    Aussi, Thomas Obame doit se faire établir un  certificat médical par un médecin légiste. Il est donc urgent qu’il soit conduit à l’hôpital. 

    Comment peut-on porter atteinte à l’intégrité physique d’un père de famille de la sorte ?  Ces agents n’ont-ils pas un brin d’humanité ? 

    Le capitaine Thomas Sankara avait-il raison de dire « un militaire sans formation politique est un criminel en puissance » ?

    En  octobre 2021, le prisonnier Thomas Glokpon est décédé, trois semaines après avoir été également victime de tortures dans les mêmes conditions. Il n’avait pas été conduit à l’hôpital.  

    Le milieu carcéral est-il une jungle où le plus fort écrase le plus faible sans être inquiété ? 

    Si force reste vraiment à la loi, les tortionnaires qui ont déjà été clairement identifiés doivent être déférés devant le Procureur de la République pour répondre de leurs actes. Ils doivent également être radiés des effectifs de la sécurité pénitentiaire, il n’y a que de cette manière que le respect de la dignité humaine en milieu carcéral peut être restauré.

    SOS Prisonniers Gabon, pour le respect de la dignité humaine en milieu carcéral.

    Humanisons les prisons ! »

    SOS Prisonniers du Gabon 

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