Principal consommateur de volailles au monde avec pas moins de 17,7 millions de tonnes consommées par an devant la Chine (malgré ses 1,5 milliard d’habitants qui en consomment 14,4 millions de tonnes), mais également premier producteur mondial avec une part de marché de 17,2% devant la Chine et le Brésil et leurs 11,7% de parts de marché, les Etats-Unis sont également l’un des pays les plus regardants en matière de protection et de surveillance. Avec l’un des systèmes de commercialisation des oiseaux vivants (poulets, dindes, etc.) les plus contraignants au monde, le pays de l’Oncle Sam dispose de normes très strictes.
Couvrant à la fois la licence, l’enregistrement, les tests du VGA, la tenue des registres, l’assainissement, la biosécurité, la surveillance, l’inspection, le traçage, l’enregistrement des locaux, le repérage en cas d’installations positives, la réponse aux installations positives ainsi que l’indemnisation et la compensation, les normes américaines en matière de commercialisation des oiseaux vivants sont extrêmement strictes aux États-Unis d’Amérique. Liées essentiellement à la découverte en 1994 de l’épidémie de grippe aviaire faiblement pathogène (GAFP) H7N2, qui s’est finalement avérée endémique sur les marchés de la volaille du nord-est du pays, ces restrictions en font aujourd’hui l’un des pays les plus sûrs en matière de production de gallinacés.
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En effet, principal producteur mondial avec une part de marché de 17,2% devant la Chine et le Brésil et leurs 11,7% de parts de marché, loin devant l’Union Européenne et ses 8,2% de parts de marché comme le révèle les données de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et l’USDA (Département de l’Agriculture des États-Unis), les Etats-Unis, également premier consommateur mondial avec 17,7 millions de tonnes et deuxième exportateur avec 26,7% de parts de marché, sont très exigeants dans ce domaine, comme en témoigne leur programme national de surveillance de la grippe aviaire (GA) et de la DAA.
Le même poulet américain dans les assiettes du monde entier
En constante révision puisque l’application la plus récente date de 2020, les normes uniformes du Système américain de commercialisation des oiseaux vivants (LBMS) américains, contribuent donc fortement à véhiculer des Etats-Unis, l’image d’un pays dans lequel les volailles sont sous surveillance continue.
D’ailleurs, dans un entretien accordé à la rédaction d’Inside News241 à Atlanta, au cours d’un voyage de presse organisé aux Etats-Unis du 11 au 22 avril 2023 pour des journalistes du Gabon et des deux Congo, le président directeur général de l’Usapeec (United States of America Poultry & Egg Export Council), Gregory D. Tylor, a tenu à apporter une précision importante sur les produits avicoles exportés à travers le monde, notamment en Afrique. « Le poulet que nous exportons vers les marchés africains est le même que nous consommons aux Etats-Unis. Il s’agit d’aliments très nutritifs et de bonnes qualités. Nous exportons près de 20 % de nos produits de viande de poulet sur les marchés mondiaux, les 80 % sont consommés sur place », a indiqué Gregory Tylor, PDG de l’Usapeec.
Une information corroborée par Dr Fidelis (Fidel) Njell Hegngi, vétérinaire senior chez USDA-APHIS-VS/Strategy & Policy que nous avons rencontré à Washington. Ce dernier a d’ailleurs tenu à balayer d’un revers de la main la légende qui court sur la taille du poulet américain qui serait pour certains “due à l’usage des hormones”. L’expert nous confie que le poulet est désormais obtenu par hybridation, c’est-à-dire par un croisement entre deux espèces ayant des caractéristiques similaires en termes de poids. Grâce à cette sélection, la population des poulets retenus pour leur masse se multiplie au fur et à mesure tandis que ceux de volume inférieur finissent par disparaître. Ce qui explique aujourd’hui la présence d’une population de volaille américaine constituée essentiellement de poulets volumineux.
Encadré 1 : l’USAPEEC au service des produits avicoles américains L'USA Poultry & Egg Export Council (USAPEEC) est une association commerciale américaine à but non lucratif dont les membres représentent plus de 95% de toutes les exportations de volaille des États-Unis. Elle compte 14 bureaux dont le siège social est à Tucker, GA, et des emplacements internationaux dans les principaux marchés d’exportation et menant des programmes dans plus de 75 pays à travers le monde. Présidée par Gregory Tylor nommé en juillet 2022, l’objectif principal de l’Usapeec est d’accroître les exportations de volaille et d’œufs des États-Unis à travers : - La protection des marchés - L’ouverture des marchés - Les marchés en développement - En faisant entendre la voix de l’industrie sur les questions commerciales et stratégiques : · en servant de lien entre l’industrie et le gouvernement · en assurant la liaison entre les exportat
Par la même occasion, nous avons également visité trois entreprises du secteur avicole américain parmi les plus importantes du pays, afin de vérifier le niveau de contrôle imposé par le département de l’Agriculture (USDA). Nous nous sommes rendus à Harisson Poultry et à Chick-fil-A dans l’Etat de Georgie et son grand port, avant de à Prestage Foods en Caroline du Nord. Le constat est le même dans toutes ces entreprises. L’Etat américain prend très au sérieux les questions de sécurité alimentaire, notamment le processus d’élevage, le circuit de production et de transformation de la volaille, le contrôle sanitaire, etc. Des étapes qui sont systématiquement contrôlées par les entreprises elles-mêmes et supervisées par des agents du département américain de l’agriculture (USDA) et d’autres organismes habilités.
Les Etats-Unis en appui au secteur avicole africain
Il faut dire que les Etats-Unis œuvrent à l’accompagnement de leurs partenaires africains dans le but d’aider à développer le secteur et à renforcer les capacités de sécurisation des volailles. En effet, le département américain de l’Agriculture (USDA-United States Department of Agriculture) a entrepris une série de séminaires en faveur des vétérinaires et des acteurs du secteur agricole et de l’élevage en Afrique subsaharienne en 2022. Des formations organisées dans le but de mieux gérer l’épidémie de la grippe aviaire dans le secteur avicole du continent africain et supervisées par Dr Fidelis (Fidel) Njell Hegngi, vétérinaire senior chez USDA-APHIS-VS/Strategy & Policy.
Tenues au Rwanda chez Paul Kagame en août 2022, ces formations ont permis de renforcer les capacités des vétérinaires venus de douze (12) pays du continent africain. Le programme axé sur l’éducation et la prévention a été lancé dans le but d’aider les éleveurs et les vétérinaires évoluant dans 180 pays à mieux gérer l’épidémie. Compte tenu de leur production importante de poulet (1er producteur mondial), les Etats-Unis ont dû faire face à la grippe aviaire (virus influenza) plusieurs fois.
Un secteur avicole américain hautement sécurisé
Après la contamination des oiseaux vivants (poulet, dinde, canard, etc.) du Nord-Est du pays en 1994, le ministère de l’Agriculture (United States Department of Agriculture-USDA) de ce pays mettait en place un programme d’appui aux États désireux d’éliminer ce fléau persistant dans leurs fermes. C’en est suivi, dès 2004, la publication des normes uniformes pour la prévention et le contrôle du virus par les services vétérinaires du pays, dans l’optique d’établir une approche plus cohérente des Etats participants au programme.
Toutes les entreprises du secteur avicole obéissent au doigt et à l’oil aux injonctions du Département américain de l’Agriculture (USDA), ainsi qu’à l’ensemble des organismes étatiques et privés compétents, notamment le service d’inspection sanitaire des animaux (APHIS), la Georgia Poultry Laboratory Network, pour ne citer que ceux-là.
Permettant à la fois de détecter rapidement les infections H5 & H7 chez les populations de volailles, de prévenir les épidémies coûteuses et l’émergence de la GAHP, de protéger la santé publique par la détection précoce de virus virulents de la grippe aviaire, mais également de démontrer aux partenaires commerciaux et aux consommateurs que la volaille américaine est exempte de virus potentiellement dangereux, ces mesures de surveillance accrue améliorent donc la biosécurité, tout en minimisant les effets nocifs du virus de la grippe aviaire sur l’industrie avicole commerciale américaine.
Encadré 2 : les trois entreprises que nous avons visitées en avril 2023 Chick-fil-A est une chaîne de restauration rapide américaine spécialisée dans les plats à base de poulet, créée en 1946. C’est la deuxième plus grande marque de fast-food spécialisée dans le poulet aux États-Unis. Harrison Poultry, Inc. est un important intégrateur et transformateur de poulets à griller. En 1958, le regretté R. Harold Harrison, l’un des premiers dirigeants de l’industrie avicole américaine, fonde l’entreprise à Bethléem, en Géorgie. Depuis sa fondation il y a plus de 60 ans, Harrison Poultry a ouvert la voie au développement de la structure sophistiquée d’aujourd’hui qui fournit une volaille sûre, abordable, nutritive, pratique et savoureuse aux Etats-Unis. Prestage Foods est une entreprise familiale créée en 1983 par Bill et Marsha Prestage. Elle est concentrée sur la fourniture de dindes et de porcs de haute qualité, tout en étant une entreprise ancrée dans l’intégrité et l’innovation. Aujourd'hui l'entreprise produit 36 000 dindes par jour, soit près de 6 millions par an.