Depuis de nombreuses années (14 ans pour les uns et au moins 40 ans pour les autres), nous avons été confrontés à des épreuves et des difficultés sous le régime d’Ali Bongo Ondimba et du PDG d’Omar Bongo. Les injustices sociales, les inégalités criantes et les problèmes économiques ont marqué notre quotidien.
J’ai moi-même été victime de ce système, puisque pendant mes études au Maroc ma bourse avait été suspendue après l’obtention de ma licence avec mention. J’ai dû user de subterfuges et m’inscrire également dans une école de communication pour pouvoir poursuivre mes études. Et c’est grâce à l’intervention de monsieur Giraud Effangone, à l’époque Premier conseiller de l’ambassade, que mes études ont pu être payées et ma bourse rétablie beaucoup plus tard. Je ne lui serai jamais assez reconnaissant pour son implication sur mon dossier.
Au niveau du Gabon, je n’ai jamais travaillé pendant un an ni dans une administration publique ni dans une entreprise de la place. Ce n’est pas faute d’avoir déposé mon dossier dans plusieurs structures de la place depuis mon retour au pays en 2016, malgré une expérience professionnelle de 7 ans passés au royaume du Maroc. Je vous passe les propositions indécentes et les intimidations que j’ai reçues. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’avec mes frères Harold Leckat, Harold Tchibinda, Boursier Tchibinda et Morel Mondjo, nous avons lancé ensemble Gabon Media Time (GMT). Entreprise que j’ai quittée en 2021 pour créer le média Inside News241. Je ne vous raconte pas par quoi nous sommes passés avant que GMT ne devienne rentable à partir de fin 2019 (Big UP à Harold Leckat pour sa persévérance et sa ténacité).
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Aujourd’hui, avec l’avènement du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) le 30 août 2023, nous aspirons tous à un changement radical de nos conditions de vie. C’est légitime ! Nous venons tous de loin. Quand je dis nous, il s’agit de toutes les couches de la société qui ont été marginalisées et opprimées d’une manière ou d’une autre par un groupuscule de Gabonais et leur “légion étrangère”.
Je parle des entrepreneurs qui n’avaient pas de marchés publics parce que n’étant pas du Parti démocratique gabonais (PDG) ou membre d’une obédience, des médias qui n’avaient pas droit aux publicités ou à la subvention parce que ne soutenant pas la politique du régime déchu, des élèves qui n’avaient pas de bourses alors qu’elle était attribuée chaque année en coulisses à des fainéants, aux enseignants qui n’avaient pas de postes budgétaires alors qu’ils exerçaient depuis plus de dix ans… la liste est longue.
Il est compréhensible que nous désirions que ces changements se produisent rapidement, voire du jour au lendemain. « On a trop souffert », comme ne cesse de le répéter un de nos compatriotes Yan OB sur Facebook.
Cependant, il est important de garder à l’esprit que nous sommes actuellement dans une période d’exception. Les défis auxquels notre pays est confronté sont immenses et nécessitent un comportement tout aussi exceptionnel.
C’est pourquoi il est essentiel de faire preuve de tolérance et de patience. La tolérance envers ceux qui sont chargés de mettre en place ces changements, car ils font face à des enjeux complexes et doivent prendre des décisions difficiles pour assurer la stabilité et la prospérité du Gabon. La patience également, car les transformations profondes que nous souhaitons ne peuvent pas se réaliser instantanément.
La construction d’un nouveau Gabon passe par des réformes structurelles qui demandent du temps pour être mises en place efficacement. Il est crucial de comprendre que chaque étape franchie représente une avancée vers notre objectif commun. Nous devons garder à l’esprit que les changements rapides peuvent parfois engendrer des conséquences imprévues et compromettre la stabilité que nous cherchons à instaurer.
La tolérance et la patience ne signifient pas l’acceptation passive de l’injustice ou de l’inaction. NON. Ce n’est pas ce que je suis en train de dire. Au contraire, elles impliquent une vigilance constante et une participation active de notre part pour veiller à ce que les réformes se réalisent dans l’intérêt général. Nous devons continuer à exprimer nos opinions, à débattre des questions d’actualité et à demander des comptes à nos dirigeants.
En cette période d’exception, faisons preuve d’un comportement d’exception. Soyons perspicaces dans notre analyse des enjeux politiques et sociaux qui nous entourent. Débattons avec passion mais aussi avec respect, en écoutant les points de vue divergents. C’est ainsi que nous pourrons construire un Gabon meilleur, où chacun trouvera sa place et où les conditions sociales seront véritablement changées.
Alors, chers compatriotes, cultivons la tolérance et la patience. Soyons conscients que le chemin vers le changement est semé d’embûches, mais restons déterminés à atteindre notre objectif commun : un Gabon juste, prospère et épanoui pour tous. Si tant il est dit que c’est votre objectif aussi.
Ferdinand Demba
Directeur de publication
Inside News241